lundi 4 juin 2018

René Fallet - La soupe aux choux

René Fallet  La soupe aux choux  Ed. Folio

René Fallet 

La soupe aux choux 

Ed. Folio 


Je réalise à la lecture de La soupe aux choux à quel point ce classique incontournable de la culture populaire est bien plus que l'innocente gaudriole à laquelle on l'associe de prime abord. Certes, cette variation totalement fantaisiste sur le thème de l'arrivée des extraterrestres chez les campagnards est bien une histoire leste et loufoque, aussi grotesque qu'invraisemblable, mais elle est également bien plus que cela.

Le livre s'ouvre sur le portrait d'une campagne rongée par l'exode rurale. Dans ce village du Bourbonnais, tout a fermé. Même le bistrot. Là végètent le Bombé et le Glaude, deux vieux paysans rustiques et avinés depuis longtemps oubliés par une société en marche. Liés par une amitié solide et ancestrale, ils contemplent le temps qui passe en descendant des litrons de rouge. Leur tranquillité sera bientôt perturbée par l'arrivée d'un voyageur de l'espace, rebaptisé la Denrée. Cette improbable rencontre va bousculer la vie tranquille des deux hommes, ainsi que celles des habitants de la planète Oxo.

De sa langue gouailleuse et inventive, La soupe aux choux mélange curieusement les genres, déride la science-fiction, dépoussière le roman du terroir et vulgarise quelques notions basiques de philosophie. Ainsi, le livre aborde le concept d'hédonisme et s'interroge sur le sens d'une vie sans plaisir. Mais, à travers cette belle et tendre histoire d'amitié entre Le Bombé et le Glaude, cette comédie décalée fait surtout le constat d'une campagne menacée par une évolution sociétale coriace, le progrès et l'expansion économique. Ses personnages attachants, simples et entiers, en représentent la population en voie de disparition. C'est probablement ça le vrai sujet du livre qui, s'il mêle humour et pittoresque en premier niveau de lecture, invite derrière ça à une réflexion bien plus fine.

Tout ça m'a donné soif. Je vais ponctuer cet article d'un petit canon.

4 commentaires:

  1. Un bon petit bouquin mille fois mieux que le film lourdingue qui a été adapté de l'histoire. Certes il ne vaut pas le fabuleux "Le beaujolais nouveau est arrivé" du même auteur mais il se laisse lire.

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    1. Je n’ai pas lu «Le beaujolais» mais j’y viendrai, je pense.

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  2. René Fallet est un auteur injustement méconnu dont les livres ont souvent été éclipsés par leurs adaptations cinématographiques. J'en causais ici à propos du "Triporteur" : http://sfemoi.canalblog.com/archives/2015/09/25/32683971.html

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    1. Très bien, je rajoute également «Le triporteur» à ma liste...

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