Pages

mercredi 30 novembre 2022

San-Antonio - Appelez-moi chérie

San-Antonio Appelez-moi chérie Fleuve Noir
San-Antonio 

Appelez-moi chérie 

Ed. Fleuve Noir 

 
On a découvert, en République de Tathmaziz, un diamant de deux tonnes. Deux tonnes ! De quoi bouleverser les cours dans le meilleur des cas ou, dans le pire, provoquer l'effondrement de l'économie des pays occidentaux. L'idée est de rapatrier discrètement le caillou en France, où il sera morcelé et écoulé. San-Antonio est donc envoyé sur place avec une mission simple : accompagné d'une vingtaine de mercenaires qui ignorent la nature du convoi, il doit emprunter la digue routière qui traverse la zone marécageuse de Kelmerdouilh, unique passage pour rallier la capitale,  Kelbochibre, depuis le massif de Zobmastar. Mais tout ne se déroule pas comme prévu...

Alors que le cortège s'engage sur la digue, il est attaqué. De violentes explosions retentissent, les hommes tombent, San-A également. Lorsque le commissaire reprend connaissance, il est à l'hôpital, aveugle. Le diagnostic est sans appel.
 "Si je m'efforce de déduire de leurs salades emphatiques et de traduire en langage courant, j'aurais les annexes sclérotiques qui choroïderaient de l'uvée, amenant mon cristallin diapositif à une abstruance défoulante, d'où une obscuricisation à cent pour cent de la tunique externe, compliquée d'un clabouillage de la capsule de Tenon et d'une achromatopsie kératique à caractère exophtalmique du globe réfringent.
Ce dont je me doutais déjà."
Il redevient alors, plus que jamais, le fils de Félicie. Certains passages entre San-A, infirme, et sa mère sont d'ailleurs assez émouvants. Béru y va de sa petite larme. Et même le patron. Le lecteur aussi est touché. C'est dire. Mais comme on peut s'en douter, notre héros finira par retrouver la vue. Et pour cause, son éditeur, le seul honnête sur la place, un homme qui ne rigole pas avec le public, n'aurait pas permis que s'éternise cette plaisanterie. En revanche, si la cécité de San-A ne dure qu'une centaine de pages, le priapisme de Bérurier, qui s'éternise sur presque tout le roman, donne lieu à une variation braquemart de la tirade du nez, surprenante et très inspirée, composée d'une déclinaison des exemples de Cyrano : agressif, amical, descriptif, curieux, gracieux, truculent... Notez que derrière la gaudriole, il y a toujours de solides références et la démonstration d'une grande culture, d'une belle maîtrise de la langue et, bien sûr, un soin indéniable apporté à la description des personnages de la figuration.
"Je traverse pour aborder le quidam. C'est un gars d'environ quarante-sept ans et trois mois, à la face plus grise que son journal, avec des yeux éblouis de spéléologue hépatique refaisant surface après avoir barboté dans la grotte pendant six mois."
  


 
Et pour suivre l'avancée de ma lecture complète des aventures du commissaire San-Antonio, cliquez sur le sourire de l'auteur !

2 commentaires: