Laurent Pépin
Angélus des ogres
Ed. Flatland
Il y a environ deux ans, j'avais refermé Monstrueuse féérie troublé par ma lecture. Or, comment dit-on déjà ? Les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Sans doute. Toujours est-il que je termine sa suite - suite ou presque - avec le même sentiment, troublé. Troublé et enthousiaste.
Nous retrouvons le clinicien du premier opus, psychologue dans le service dédié aux malades volubiles d'une centre psychiatrique. Mais le doute plane dès les premières pages. Y est-il employé ou interné ? Le fou est-il le seul à savoir qu'il ne l'est pas ? Et, d'ailleurs, qui est fou ? Le narrateur ? Le personnel ? Les patients ? Ou Lucy, cette jeune femme anorexique, thanatopractrice de son état, et dont la marotte est de mettre en bocaux les traits unaires des défunts ? À moins ce que ce ne soit le lecteur ou l'auteur ? Voire les deux... Autant de questions disséminées dans un court roman qui s'interroge au passage sur la place des aliénés dans une société normée, sur les mutations des méthodes psychiatriques, sur la dangerosité de certaines pratiques et qui, à défaut de définir la folie, tente d'en dresser les contours.
Mais, même si la folie est bien au cœur de ce roman, il ne faudrait pas le réduire à sa seule dimension psychiatrique. En effet, il est important également - voire surtout - de noter la forme, sobre et élégante, d'un texte ancré dans le
réel tout en étant peuplé de créatures fantastiques ou de personnages de
contes de fées, et qui parvient aisément à faire cohabiter insanité et stabilité. La frontière entre les deux n'aura jamais été aussi floue et poreuse que dans un livre de Laurent Pépin.
Un autre avis ? Celui du Chien Critique, évidemment.
C'est aussi sans doute à la limite de ma zone de confort en terme de lecture, avec es frontières floues entre le roman, le narrateur et le lecteur.
RépondreSupprimerJe dis donc peut-être.
Tu verras, ça vaut le coup. Mais commence plutôt par le premier (même si les deux sont bons et même s'ils peuvent se lire indépendamment).
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