Pages

dimanche 23 avril 2023

Donna Tartt - Le Maître des illusions

Donna Tartt 

Le Maître des illusions 

Ed. Pocket 

 
Paru en 1991, Le Maître des illusions marque l'apparition de Donna Tartt sur la scène littéraire. Depuis, la jeune autrice s'est faite rare et discrète, ne créant l'évènement avec une nouvelle publication que tous les dix ans environ. Son premier livre est ce qu'on appelle un roman de campus, un genre qui voit son action située dans une université et dont on attribue généralement la paternité à David Lodge. Bref. Là, la romancière nous propose de suivre le récit de Richard Papen, fraîchement débarqué au prestigieux Hampden College du Vermont. Arrivé de sa province californienne, l'étudiant intègre la classe de Julian Morrow, un professeur de grec ancien aux méthodes et aux exigences peu orthodoxes, exclusif et radical dans son enseignement, et dont le cours n'est suivi que par six élèves - dont le narrateur. Sous la férule de l'helléniste, le petit groupe est fusionnel. Surtout, il semble partager un secret auquel Richard est étranger et qu'il peine à percer.

Donna Tartt Le Maître des illusions Plon Pocket
Comme les autres livres de l'auteur, Le Maître des illusions est un gros volume. Bien que les personnages soient peu nombreux et le décor relativement restreint, il met du temps à démarrer, s'attardant sur la part de mystère qui auréole le professeur et le faible effectif de sa classe. Mais, une fois que l'intrigue est mise en place, il est particulièrement efficace. L'ambiance est énigmatique, les protagonistes sont clairement identifiés, et la trame, qui mêle roman d'apprentissage, intrigue policière et érudition étudiante, est habilement construite et assez tendue. Il n'y a finalement pas grand chose à ajouter au sujet de ce roman. Une fois qu'on a souligné son efficacité, il reste à admettre qu'il est classique dans sa construction et dans les portraits de ceux qu'il met en scène et qu'il n'offre en soi rien de très original même si, dans son genre très codifié, il fonctionne bien et captive son lecteur.
 
J'ai apprécié ce livre - ce qui ne m'a pas empêché de trouver la petite bête. Sans même vraiment la chercher.

Ce qui m'a semblé être un problème, mais qui n'en est sans doute pas un pour tout le monde, est l'importance donnée à des éléments qui ne se justifient pas vraiment, en particulier l'étrangeté de Julian Morrow et son refus d'augmenter le nombre de ses étudiants. Durant deux ou trois cents pages, l'accent est mis sur les caractéristiques de son cours et sur le mystère qui entoure ses choix. Or, je suis persuadé que le roman pourrait sans problème se passer de ces deux éléments, voire du professeur lui-même. D'ailleurs, ce dernier finit par s'éclipser au fil des pages, jusqu'à ne plus avoir qu'un rôle de figuration. Maintenant, mettez le même petit groupe dans un amphi tout en floutant les autres étudiants, placez sur l'estrade un enseignant anonyme, et non seulement l'intrigue fonctionnera aussi bien mais en plus le roman, purgé de toute sa première partie, dès lors inutile, entrera plus vite dans le vif du sujet. 

N'oublions pas qu'il s'agit d'un premier roman et que les voies de l'édition sont impénétrables. Ça ne pouvait pas être parfait.

2 commentaires:

  1. Bonjour, un livre lu il y a des années et que j'avais trouvé interminable. Beaucoup trop long. Bonne après-midi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Des longueurs qui auraient aisément pu être évitées, qui plus est.

      Supprimer