lundi 11 juillet 2022

Nana Kwame Adjei-Brenyah - Friday Black

Nana Kwame Adjei-Brenyah Friday Black Albin Michel
Nana Kwame Adjei-Brenyah 

Friday Black

Ed. Albin Michel 


J'aime les nouvelles.
 
Généralement, des trois ou quatre bouquins que je lis en même temps, il y a un recueil de nouvelles - à côté d'un roman, d'un essai et d'un livre audio. Comme tout le monde, j'imagine, je lis les nouvelles dans l'ordre proposé, de la première à la dernière, en respect d'un ordre qui est bien souvent le fruit d'une sérieuse réflexion de l'auteur, parfois menée conjointement avec son éditeur. D'ailleurs, qui suis-je pour remettre cet ordre en question ? C'est lui qui donne à l'ensemble son harmonie, équilibre ses thématiques, organise ses qualités et lui donne son rythme ou sa mesure. J'ai donc ouvert le recueil de Nana Kwame Adjei-Brenyah par la première page, la première nouvelle. Et là, la gifle !

Raconté par un jeune homme, noir et obnubilé au quotidien par son Degré de Noirceur et par la manière dont son attitude, sa posture ou ses expressions en modifient l'échelle, "Les 5 de Finkelstein" plonge le lecteur dans un procès en forme de cas d'école : cinq enfants noirs ont été massacrés à la tronçonneuse par un père de famille blanc, usager de bibliothèque et citoyen respectable qui clame la légitime défense. Leur tort ? Être noirs. La couleur de peau de ces enfants suffisait-elle à les rendre potentiellement dangereux pour l'homme et sa famille ? C'est ce dont il va devoir se justifier devant la cour...

Cette première nouvelle annonce le ton - j'allais dire la couleur : la société est violente, malsaine et inégalitaire, obsédée par la consommation, le paraître et le divertissement. Nana Kwame Adjei-Brenyah, du haut de ses 28 ans, l'a déjà compris. Il a également compris que, derrière la portée romanesque des nouvelles, derrière le laboratoire des registres - réaliste, fantasque, futuriste - qu'est le recueil, la littérature lui offrait surtout le pouvoir de faire passer un message et de marquer les esprits. C'est ce qu'il est parvenu à faire dès son premier livre. Car si finalement toutes les nouvelles ne sont pas à la hauteur de la première, elles véhiculent toutes un message franc, juste, décomplexé, et rappellent que c'est là le rôle des auteurs, là celui de la littérature, bousculer le lecteur, le pousser à ouvrir les yeux.

2 commentaires:

  1. Je n'ai toujours pas lu ce recueil, et j'en ai un peu honte tant tous les avis - dont le tien - ne sont pas juste positifs, ils sont très enthousiastes. Merci de me rappeler qu'il faut que je m'y mette, il y a des gifles nécessaires.

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    1. Tu peux y aller sans crainte. Ne serait-ce que pour la première nouvelle (le reste est légèrement inférieur) !

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