Jean-Gaston Vandel
Agonie des Civilisés
Ed. Fleuve Noir
Lorsque leur vaisseau spatial quitte le sol, les six passagers de cette mission scientifique savent qu'ils ne reverront plus jamais les leurs. En effet, leur objectif est de revenir sur Terre quelques dix mille ans plus tard ! Ils navigueront près de cinq ans à une vitesse proche de celle de la lumière et laisseront le paradoxe temporel faire le reste... Quant à leurs collaborateurs restés sur place, ils ont la lourde tache de trouver comment faire parvenir la nouvelle de cette visite aux habitants d'un futur lointain.
Après cinq années d'un voyage paisible placé sous le signe d'une misogynie intemporelle, qui nous rappelle que "les femmes sont une source inépuisable d'imprévu" ou encore qu'elles "introduisent dans la vie un facteur d'incertitude", même si leur présence donne "quand même un certain charme à cette interminable croisière", nos héros assujettissent leur ceinture et amorcent leur descente. Premier imprévu, le globe est désaxé et sa rotation est trois fois plus rapide qu'au moment de leur départ. Mais nos scientifiques ne sont pas au bout de leurs surprises : la société est dorénavant partagée en deux clans : les Civilisés, qui commandent, et les Incultes, qui obéissent. Considérés comme appartenant à la seconde catégorie, les voyageurs sont capturés dès leur sortie du vaisseau et réduits sans ménagement en esclavage.
"Hélas, pourquoi fallait-il que tant de richesses intellectuelles n'aient abouti, en fin de compte, qu'à transformer le monde en une gigantesque geôle où croupissait un peuple privé de vie et de liberté, abruti d'ennui et de désespoir, véritable troupeau de morts vivants ? Quelle fatalité diabolique avait pesé sur le Destin de la Terre pour la conduire à cette monstrueuse aberration, à cette démission totale des valeurs de la condition humaine ?"
Heureusement, un groupuscule de résistants, jusqu'auquel est parvenue l'information de l'arrivée du vaisseau, a bien l'intention de faire évader les prisonniers et de saisir cette occasion pour libérer les Incultes opprimés. Le lecteur, alors relativement captivé par un récit improbable mais plutôt efficace, réalise à ce moment-là qu'il approche de la fin des 188 pages réglementaires allouées à cette collection. Il ne reste donc que peu de temps à nos protagonistes pour renverser les tortionnaires. Quelques pages expéditives suffiront à notre duo de romanciers belges pour rétablir un semblant d'ordre dans ce futur aseptisé et manichéen. En doutait-on vraiment ?



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