jeudi 23 août 2018

Laurent Seyer - Les poteaux étaient carrés

Laurent Seyer Les poteaux étaient carrés finitude

Laurent Seyer 

Les poteaux étaient carrés 

Ed. Finitude 


Le football est bien le cadet de mes soucis. Pour vous dire, je n'ai pas suivi le mondial et n'ai pas même regardé la finale. A l'heure du coup d'envoi, j'étais allongé dans l'herbe, à l'ombre d'un pommier, le nez dans un livre. Mais comme je suis plein de contradictions, c'est dans celui de Laurent Seyer que j’étais plongé.

Pour les amateurs de ballon rond, les gens nés avant 1970 et plus généralement ceux dotés d’une solide culture générale, le titre du roman est explicite. De toute évidence, je ne fais partie d’aucune des catégories ci-dessus car j'ignorais tout de cette anecdote sportive. Si vous aussi vous pêchez par ignorance, permettez que je comble cette lacune, il s'agît d'un match historique, la défaite en finale de Saint-Étienne face au Bayern Munich lors de la coupe d'Europe 1976, défaite semble-t-il à mettre sur le compte des poteaux.

Donc, vous l’aurez compris, le roman est une histoire de foot et la rétrospective d'un match d’anthologie. Mais c’est également plus que ça. Car si une catastrophe sportive (question de point de vue, s'entend) se déroule sur le terrain, c'est un psychodrame familial qui se joue devant le poste. Face à la télévision s'agglutine un foyer recomposé : Nicolas, le narrateur, treize ans et demi, le père insipide, la fausse-doche et son rejeton. Le tableau est bancal et seul le garçon saisi l'enjeu. Car ce soir le football c'est plus que du sport, c'est la vie. En effet, pour Nicolas, ces quatre-vingt-dix minutes représentent un virage crucial dans son existence d'adolescent déchiré.

Un pied sur la pelouse du stade de Glasgow, l'autre dans le salon familial, avec ce premier roman fin et sensible, Laurent Seyer nous emmène là où on ne l'attend pas. Il parvient à combiner habilement sport et questionnements existentiels, reconstitue les années soixante-dix et nous fait partager la tristesse d'un foyer brisé. Ce roman écrit à l'économie et baigné de nostalgie m'aura surpris par la justesse et la rudesse de ses remarques sur le rapport filial. C'est finalement bien plus un livre sur la famille et ses secrets, le rapport au père, l'absence de la souche parentale et les interrogations de l’adolescence que sur la fameuse finale de la coupe d'Europe.

J'ignorais qu'on pouvais voir tout ça dans le sport. Va savoir, je regarderai peut-être la prochaine coupe du monde.

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