Mickael McDowell
Les aiguilles d'or
Ed. Monsieur Toussaint Louverture
Après avoir rapidement abandonné Blackwater, une saga insipide et incohérente devant laquelle, va comprendre pourquoi, le monde entier s'extasie, j'ai tout de même décidé de pousser le vice : je suis allé voir ce qu'il en était de cet autre succès de librairie signé de l'écrivain américain mort au siècle dernier. Le roman, exhumé comme les précédents par Monsieur Toussaint Louverture, une maison qui s'est imposée comme la spécialiste des livres-objets, est enrobé avec soin. Ce dernier point explique en partie le succès posthume de l'auteur. Ses livres, ouvragés et lumineux - beaux - tapent à l'œil du chaland, si tant est que celui-ci soit esthète.
Passée la couverture finement embossée, le prologue plonge le lecteur en plein réveillon de l'an 1882. Quelques pages très prometteuses suffisent à planter le décor et à donner le ton. C'est dit : l'intrigue sera romanesque, la forme habile. Quelle perspective ! Malheureusement, cette première impression s'estompe dès l'entrée dans le cœur du roman. La trame se révèle rapidement laborieuse, pour ne pas dire poussive. C'est lent... mais lent... Pour sûr, l'auteur n'a jamais pris le risque de confondre vitesse et précipitation. L'histoire, qui se situe à New-York où s'opposent les extrêmes de
l'échelle sociale, d'une part les trafiquants des bas-fonds, d'autre
part les avocats qui entendent débarrasser la ville de sa vermine, met
une éternité à se développer. Mickael McDowell prend donc tout son temps pour organiser et diriger ses nombreux personnages, souvent réduits à leur fonction et si peu nuancés qu'aucun n'a retenu mon attention. Ceux-ci rivalisent de stéréotypes et, bien que l'auteur ait tenté ici ou là de semer le doute quant à leurs motivations, son résultat confine au manichéisme. Les méchants sont méchants, les gentils sont gentils et tous se noient dans une foule à la fois confuse et homogène. Quant aux classes sociales que les uns et les autres représentent, elles souffrent du même constat, frappé au coin des poncifs attendus.
Pour autant, et malgré ses gros défauts, le roman se laisse lire, sans doute du fait d'un décor particulièrement visuel, son unique élément vaguement mémorable. En effet, s'il a oublié de dynamiser son intrigue et si sa distribution manque cruellement d'épaisseur, l'auteur s'est démené sur l'arrière plan et en a peaufiné les détails. D'ailleurs, l'illustrateur de la couverture, Pedro Oyarbide, semble l'avoir bien saisi : une ruelle humide jonchée de poubelles, des façades et des commerces, un ciel étoilé hachuré par la fumée des cheminées... mais... la scène est vide. Personne n'arpente le pavé du Triangle Noir, le quartier malfamé dont il est question ici. La couleur n'était-elle pas annoncée dès le départ ?
Au moins c'est réglé, ce n'est définitivement pas un auteur pour toi.
RépondreSupprimerCe n'est pourtant pas faute de lui avoir donné sa chance...
SupprimerJ'avais oublié que tu n'avais pas aimé Blackwater. Tu dois être bien être le seul parmi les innombrables chroniques que j'ai lues. 😅 Bon, moi ça ne me tente pas des masses, mais je pense que j'apprécierais plus que toi, tout de même.
RépondreSupprimerTu peux y aller, ce n'est tout de même pas une grosse prise de risques.
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