Bruno Remaury - Le Monde horizontal

Bruno Remaury 

Le Monde horizontal 

Ed. Corti 

Bruno Remaury fait preuve d'ambition. Pour son premier roman, il s'est donc logiquement fixé un vaste projet, celui de revisiter l'Histoire de l'Homme et de repenser notre rapport au Monde, en 170 pages. Vaste projet. Mais, avec son vague aspect d'ébauche aux coutures apparentes ou de film documentaire maladroitement monté et diffusé en accéléré, je crains justement que son projet n'en soit resté à l'état.

Pourtant, dès la première phrase, le livre s'annonce assez brillant. Jugez plutôt :

"Ça commence à chaque fois par un geste simple oh tout simple, celui d'un peu de couleur au bout de la main et par celle-ci sur un support appliquée."

On sent la maîtrise de la langue, vite confirmée puis relevée par une évidente érudition. Vient alors le discours sur la place de l'Homme dans le monde. Avec le temps, l'Homme aurait cessé de poser un regard vertical sur l'Univers - le nez au ciel - pour une conception plus horizontale des choses - l’œil chez le voisin. Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris le propos et je ne suis pas sûr non plus de savoir où celui-ci nous mène. Il faut dire que la pensée de l'auteur n'est pas simple à suivre. Associations scabreuses ou simple désir de faire court, l'auteur saute constamment du coq à l'âne, passant allègrement des peintures rupestres aux catastrophes minières, des premières circumnavigations aux trajets des bus Greyhound, des photographies d'August Sander aux oeuvres de Jackson Pollock. Et, à force de transitions périlleuses, on trébuche lourdement d'un passage passionnant à un suivant profondément ennuyeux. Il semblerait que le lecteur doive faire la moitié du chemin. J'ai buté sur trop d'embûches pour faire ma part.