dimanche 21 mai 2023

San-Antonio - Vas-y, Béru !

San-Antonio Vas-y, Béru ! Fleuve Noir
San-Antonio 

Vas-y, Béru ! 

Ed. Fleuve Noir 


Ce jour-là, le Tour de France passe par Dijon. Dans la capitale de la Bourgogne, les cyclistes pédalent, les équipes techniques s'agitent, les spectateurs applaudissent. San-Antonio accompagne Bérurier venu voir passer les vélos et embrasser son épouse, laquelle assiste Alfred, son coiffeur et amant, qui profite de la caravane publicitaire pour faire la promotion d'un produit capillaire miracle de son invention.

En guise de scène d'ouverture, et en attendant l'arrivée des coureurs, Béru se lance dans un piccol's dames contre le dénommé La Meringue. Les adversaires se jaugent, les stratégies se développent, les verres se vident et les trois manches qui composent ce match sont acharnées. En quelques pages, l'auteur élève ce jeu à boire au rang des arts ! C'est magistral !
 
Puis, car n'oublions pas que nous sommes dans un roman policier, l'intrigue se met en place : le masseur officiel de l'équipe du papier hygiénique Fafatrin est retrouvé mort au petit matin, le bide criblé de balles. San-A et Béru s'emparent de l'affaire, le Gros remplaçant au pied levé le macchabée dans sa fonction de soigneur pour enquêter de l'intérieur.
"C'est de la loufoquerie sanglante ! On boit ! On rit ! On tue ! On fait des parties de cuissots ! Tout ça dans une ambiance de fin de kermesse ahurissante."
Bientôt rejoints par Pinuche, nos héros font des étincelles. Il faut dire qu'entre les bicyclettes et les secrets industriels, les coureurs et les assassins, sans compter les accumulations, métaphores, néologismes et autres calembours essaimés par un auteur très en forme, ils ont de quoi faire...


 
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vendredi 19 mai 2023

Vargo Statten - Course vers Pluton

Vargo StattenCourse vers Pluton Fleuve Noir anticipation
Vargo Statten

Course vers Pluton

Ed. Fleuve Noir 


Il y a quelques années de cela, un jour à la campagne, j'ai expliqué à mon neveu de cinq ans que, s'il attrapait des orties à pleines mains tout en retenant sa respiration, il ne serait pas piqué. Il m'a cru... Bah... Tous les tontons qui se respectent font ça. Enfin, je crois... Non ?

J'ignore si Vargo Statten a un neveu ou s'il pense qu'il suffit de retenir sa respiration pour ne pas se faire piquer par les orties mais, d'après lui, cette technique fonctionne pour survivre au vide sidéral. Une bonne bouffée d’oxygène, on se bouche le nez, et hop, le tour est joué ! Entre cette conception très personnelle de la survie dans l'espace et la description, sur le modèle des trains à vapeur, de vaisseaux spatiaux alimentés à grandes pelletées de combustible, autant dire que la rigueur scientifique n'a pas réellement sa place dans ce roman qui vous emmène en expédition vers Pluton.
 
Le capitaine Rapier, un baroudeur sévère, est chargé de filer vers la planète naine pour déjouer un danger qui menace la Terre et tout le Système solaire. Disposant de très peu de temps, il est contraint de recruter un équipage au pied levé. S'il veut sauver le monde, il va devoir se battre contre la montre, pousser ses machines et, surtout, composer avec les caprices de ceux qui l'accompagnent dans cette aventure...

À l'image de la majorité des titres de cette collection, il convient évidemment de pas prendre trop au sérieux les délires de l'auteur. Le scénario n'est pas cohérent un seconde, les personnages n'ont aucune crédibilité et vous avez compris ce qu'il en était du fond scientifique. Bref, mettons tout cela sur le compte de la licence poétique et prenons ce roman pour ce qu'il est : du pur divertissement dont la seule prétention est récréative.




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FNA n°20

lundi 24 avril 2023

San-Antonio - Moi, vous me connaissez ?

San-Antonio Moi, vous me connaissez Fleuve Noir
San-Antonio 

Moi, vous me connaissez ?

Ed. Fleuve Noir 

 
Depuis plusieurs jours déjà, un cadavre git sur le toit-terrasse de la jeune Rebecca. Monté chez la demoiselle, San-Antonio constate rapidement la présence du corps et fait aussitôt appel à ses deux acolytes, le Gros et le Débris. Mais ces deux derniers, dans un état pas possible et avinés comme pas permis, se font remplacer au pied levé par leurs épouses respectives qui, le temps d'un épisode, s'improvisent policières. Suite à une série d'évènements fâcheux, le trio perd un de ses membres et le commissaire se retrouve à mener son enquête en duo avec Berthe Bérurier, laquelle se montre pleine de surprises et révèle des compétences insoupçonnées...

En ce qui concerne l'intrigue, il n'y a pas matière à s'éterniser. Elle est classique. En revanche, il y a quelques éléments intéressants à noter, en particulier le fait qu'apparaisse pour la première fois le personnage d'Antoine, bientôt fils adoptif de San-Antonio. En effet, au terme d'une nuit agitée et parsemée de macchabées, nos héros découvrent un bébé, fraîchement orphelin. Le roman se termine d'ailleurs sur l'image du commissaire tendant à Félicie, sa mère, "un chouette blondinet, rose et dodu, avec des fossettes partout" en guise de cadeau d'anniversaire. Entretemps, il place des figures de style à gogo et des notes de bas de page en pagaille, il commente à sa sauce une incroyable bagarre générale et arpente les rues de Paris le nourrisson sous le bras, il écluse les bars de nuit, malmène quelques malfrats et partage sa stupéfaction face à une Berthe décidément incroyable, ici dans l'un de ses rôles les plus mémorables.
 


 
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dimanche 23 avril 2023

Donna Tartt - Le Maître des illusions

Donna Tartt Le Maître des illusions Plon Pocket
Donna Tartt 

Le Maître des illusions 

Ed. Pocket 

 
Paru en 1991, Le Maître des illusions marque l'apparition de Donna Tartt sur la scène littéraire. Depuis, la jeune autrice s'est faite rare et discrète, ne créant l'évènement avec une nouvelle publication que tous les dix ans environ. Son premier livre est ce qu'on appelle un roman de campus, un genre qui voit son action située dans une université et dont on attribue généralement la paternité à David Lodge. Bref. Là, la romancière nous propose de suivre le récit de Richard Papen, fraîchement débarqué au prestigieux Hampden College du Vermont. Arrivé de sa province californienne, l'étudiant intègre la classe de Julian Morrow, un professeur de grec ancien aux méthodes et aux exigences peu orthodoxes, exclusif et radical dans son enseignement, et dont le cours n'est suivi que par six élèves - dont le narrateur. Sous la férule de l'helléniste, le petit groupe est fusionnel. Surtout, il semble partager un secret auquel Richard est étranger et qu'il peine à percer.

Comme les autres livres de l'auteur, Le Maître des illusions est un gros volume. Bien que les personnages soient peu nombreux et le décor relativement restreint, il met du temps à démarrer, s'attardant sur la part de mystère qui auréole le professeur et le faible effectif de sa classe. Mais, une fois que l'intrigue est mise en place, il est particulièrement efficace. L'ambiance est énigmatique, les protagonistes sont clairement identifiés, et la trame, qui mêle roman d'apprentissage, intrigue policière et érudition étudiante, est habilement construite et assez tendue. Il n'y a finalement pas grand chose à ajouter au sujet de ce roman. Une fois qu'on a souligné son efficacité, il reste à admettre qu'il est classique dans sa construction et dans les portraits de ceux qu'il met en scène et qu'il n'offre en soi rien de très original même si, dans son genre très codifié, il fonctionne bien et captive son lecteur.
 
J'ai apprécié ce livre - ce qui ne m'a pas empêché de trouver la petite bête. Sans même vraiment la chercher.

Ce qui m'a semblé être un problème, mais qui n'en est sans doute pas un pour tout le monde, est l'importance donnée à des éléments qui ne se justifient pas vraiment, en particulier l'étrangeté de Julian Morrow et son refus d'augmenter le nombre de ses étudiants. Durant deux ou trois cents pages, l'accent est mis sur les caractéristiques de son cours et sur le mystère qui entoure ses choix. Or, je suis persuadé que le roman pourrait sans problème se passer de ces deux éléments, voire du professeur lui-même. D'ailleurs, ce dernier finit par s'éclipser au fil des pages, jusqu'à ne plus avoir qu'un rôle de figuration. Maintenant, mettez le même petit groupe dans un amphi tout en floutant les autres étudiants, placez sur l'estrade un enseignant anonyme, et non seulement l'intrigue fonctionnera aussi bien mais en plus le roman, purgé de toute sa première partie, dès lors inutile, entrera plus vite dans le vif du sujet. 

N'oublions pas qu'il s'agit d'un premier roman et que les voies de l'édition sont impénétrables. Ça ne pouvait pas être parfait.

vendredi 14 avril 2023

Guido Tonelli - Genèse

Guido Tonelli Génèse Audiolib dunod
Guido Tonelli 

Genèse

Ed. Audiolib 


Notez l'absence de l'article défini "la" dans le titre. La Genèse, premier livre de La Bible, est le récit des origines. Ce texte fondamental, qui a été largement commenté par les théologiens de toutes les obédiences, commence par la création du monde et se poursuit par celle de l'Homme. Guido Tonelli, lui, n'est pas un spécialiste de la religion mais un physicien des particules. Il s'intéresse toutefois au même sujet. Pour le scientifique, contributeur de la découverte du boson de Higgs, tout débute par le chaos. Mais après ? La naissance de l'univers est-elle le résultat d'un geste divin ? Trouve-t-elle plutôt son origine dans un modèle cosmologique ? Ces deux aspects sont-ils incompatibles ?
 
L'auteur de ce vaste projet se penche sur les questions essentielles que soulèvent ces problématiques. Découpé en sept jours et autant de parties, cet essai propose de revenir sur les étapes décisives de notre genèse et de confronter le prisme scientifique à ceux de la religion, de la mythologie ou encore des arts. Ainsi, de l'Ancien Testament à la Théogonie d'Hésiode en passant par la théorie de la relativité générale, les physiciens partagent-ils l'affiche avec les Dieux, les Héros et les peintres sur fond de particules.

À moins d'être sérieusement outillé dans le domaine scientifique, n'entendez pas saisir tout ce que vous lirez - ou écouterez si vous optez pour la version audio. Notion du vide, fond diffus cosmologique ou symétrie entre la matière et l'anti-matière, les concepts sont vertigineux, les ordres de grandeurs également. Pour autant, si l'auteur a parfois du mal à vulgariser son travail, il parvient sans peine à bâtir des ponts entre les disciplines et à les franchir avec pertinences ainsi que, surtout, à communiquer l’enthousiasme qu'il y investit, ce qui suffit à retenir l'attention du lecteur malgré ses fréquents égarements.

jeudi 13 avril 2023

Frédéric Dard - Toi qui vivais

Frédéric Dard Toi qui vivais Fleuve Noir
Frédéric Dard 

Toi qui vivais 

Ed. Fleuve Noir 


Bernard est acculé. Il croule sous les dettes et ne supporte plus sa femme. Mais il a un plan : tuer cette dernière et son créancier après avoir mis en scène leur liaison. Aucun tribunal au monde ne condamnera lourdement un homme qui, surprenant par hasard son épouse et son meilleur ami dans la chambre conjugale, est pris d'un coup de folie et se fait justice lui-même.
 
S'il plaide coupable de ses actes, l'assassin tente surtout de se faire passer pour un mari trompé et un ami abusé, victime de circonstances auxquelles les membres du jury ne pourront être insensibles. Il se rend donc à la police et reconnaît les faits puis s'apprête à livrer la défense qu'il a préparée et à répondre aux questions du juge. Il a tout prévu, sauf que ce dernier puisse refuser de croire aux apparences et être convaincu qu'il s'agit d'un meurtre crapuleux plutôt que d'un crime passionnel. S'il ne veut pas lutter seul avec sa version, Bernard va devoir compter sur son avocate commise d'office, une jeune femme timide et inexpérimentée.

Publié dans les années 50, Toi qui vivais est un polar qu'il est plus que jamais indispensable de resituer dans son contexte. N'oublions pas qu'à cette époque, tant qu'il pouvait prouver qu'il avait été blessé dans sa masculinité, un homme pouvait assassiner son épouse sans être condamné pour féminicide. Une fois accepté ce postulat, il n'y a plus qu'à se laisser embarquer par ce roman noir qui nous rappelle, s'il en était encore besoin, qu'un bon scénario peut se faire à l'économie de moyens - un décor minimaliste et une distribution épurée, des phrases courtes, un ton incisif et des dialogues rapides dans lesquels chaque mot est pesé. Le père de San-Antonio nous livre ici une intrigue très efficace et parfaitement huilée. Elle se lit d'une traite et ne laisse que peu de répit au lecteur qui cherche au fil des pages l'endroit où le plan parfait de Bernard va coincer, qui de l'assassin ou de son juge aura le dernier mot. Bien entendu, le fin mot de l'histoire arrive au terme de quelques rebondissements inattendus.

mercredi 12 avril 2023

Ugo Bellagamba & Jean Baret - Le monde de Julia

Ugo Bellagamba Jean Baret Le monde de Julia Mnémos
Ugo Bellagamba & Jean Baret

Le monde de Julia 

Ed. Mnémos 

 
Pendant un temps, je m'amusais à chercher dans les pages des romans que je lisais la citation qui pourrait à elle-seule en résumer le contenu ou, encore mieux, cerner mon sentiment en tant que lecteur. Ça a plutôt bien fonctionné ici, pas trop mal , ailleurs également sans doute mais je ne sais plus où, puis j'ai fini par laisser cette idée de côté. Je l'adopte de nouveau, juste le temps de ce roman, tant une phrase, extraite de son contexte, m'a interpelé. Je vais y venir. Mais voyons d'abord ce qu'il en est de ce roman co-écrit par Ugo Bellagamba & Jean Baret.

À une époque indéterminée, le monde est divisé en clans qui tentent de recréer, à leur manière, les fondements de la société telle qu'ils la conçoivent et qui adoptent des consignes et des contraintes tirées des œuvres marquantes de la culture populaire. Ainsi, s'inspirant de Brazil ou de Sa Majesté des Mouches, obéissant aux règles du Fight Club ou à l'esthétique de THX 1138, ces clans se côtoient, se jaugent, s'absorbent.

Perchée dans une montagne et loin de ces problématiques, la petite Julia vit avec Roland, le robot auquel ses parents l'ont confiée avant de disparaître. La machine lui prodigue un enseignement, la protège, lui apporte du soutient et de la compagnie. Mais quand la batterie de Roland rend l'âme, Julia se retrouve seule. Elle décide alors de quitter son refuge. Sa découverte du monde passera par de longues conversations fantasmées avec des philosophes, auteurs des textes fondamentaux de la discipline, Montesquieu et Cyrano en tête.

Que ce soit à travers les questions que soulève l'expérience des membres du clan ou celles de Julia sur la route, les deux romanciers se lancent dans un cours magistral sur les libertés et l'esprit des lois. En effet, il est important, pour pouvoir comprendre la société et en dessiner des contours fiables, de saisir les concepts sur lesquelles celle-ci repose. Mais si l'intention est louable et le procédé méritoire, la forme est péniblement didactique. Visiblement focalisés sur la rentabilisation de leurs vieilles fiches bristol stabilotées rédigées pendant leurs années d'études et ressorties pour l'occasion, les auteurs, accessoirement historien du droit pour le premier et avocat pour le second, ont totalement négligé la dimension romanesque de leur entreprise, qui se réduit rapidement à des conversations artificielles et poussiéreuses. Les grandes lignes de théorie politique ou de philosophie qu'ils recyclent sont passionnantes en tant que telles mais anachroniques au possible. Par conséquent, le roman sonne faux du début à la fin.
"Jamais tu n'as été aussi ennuyeux et aussi peu convaincant, Jean."
Cette citation ne s'adresse pas qu'à l'auteur de la trilogie Trademark, même si c'est son nom sur la couverture qui m'a donné envie de l'ouvrir. J'englobe Ugo Bellagamba dans ce constat. Mais je ne suis pas rancunier. J'y reviendrai.

mardi 11 avril 2023

Les Meilleurs récits de Astounding Science-Fiction (2 - période 1938/45)

Jacques Sadoul présente Les Meilleurs récits de Astounding Science-Fiction J'ai Lu
Jacques Sadoul
présente 

Les Meilleurs récits de Astounding Science-Fiction (2 - période 1938/45)

Ed. J'ai Lu 

 
Comme on a pu le constater dans le premier volume couvrant les années 1934/37, F. Orlin Tremaine a réussi à redresser une revue mal embarquée après des premières années balbutiantes et a en forger la réputation que l'on sait. Mais c'est à l'arrivée de John W. Campbell en octobre 1937 qu'elle parvient à clairement se distinguer du lot. Son nouvel éditeur en modifie légèrement le titre et radicalement la ligne éditoriale, dorénavant totalement axée sur la science-fiction, rigoureuse dans son traitement et anticipatrice dans sa dimension sociétale. Campbell s'implique beaucoup dans le choix des textes et, comme il porte une casquette de romancier en plus de celle d'éditeur, il n'hésite pas à les travailler avec ceux qui les lui soumettent. Sa curiosité, son intuition et son esprit critique l'amèneront à publier des nouvelles ou des romans depuis devenus classiques, signés d'auteurs qui se sont par la suite imposés comme des incontournables. Parmi tous ces textes, Jacques Sadoul a préféré en sélectionner certains des moins connus. Ce sont les six suivants :
 

Don A. Stuart, Le Manteau d'Aesir

La Mère de Sarn a convoqué les Mères des Cités pour leur annoncer que les humains sur lesquels les Matriarches règnent depuis l'invasion de la Terre supportent mal la domination et semblent bien décidés à se révolter. Or, c'est dans ce contexte qu'est apparue Aesir, une ombre mystérieuse et ténébreuse.
 

Theodore Sturgeon, Le Dieu microcosmique

Pendant qu'un scientifique met au point des inventions sur l'île isolée où il s'est installé, la fortune que ses travaux génèrent est gérée par un banquier dont la cupidité va lui faire prendre des décisions... regrettables. L'auteur des Plus qu'humains s'interroge alors sur les motivations des deux hommes.
 

Clifford Donald Simak, La Fosse aux pirates

C'est en une de tous les journaux : Hellion Smith s'est évadé de prison ! Cette nouvelle n'en est pas exactement une bonne pour Grant Nagle, le reporter responsable de son emprisonnement. Il semblerait d'ailleurs que le fuyard, décidé à se venger, tienne à s'occuper personnellement du journaliste.
 

Lester Del Rey, Helen A'lliage

Deux amis et colocataires, un médecin et un mécanicien, mettent au point un robot aux formes féminines. La machine est montée, programmée, dotée d'une pile atomique et baptisée Hélène. Une fois ses réglages parfaitement au point, elle est prête à s'installer sous le toit des deux célibataires...
 

Murray Leinster, Premier contact

Les terriens, qui ont exploré tout l'univers, jamais découvert aucune forme de vie ni reçu de visites de l'espace, pensent y être seuls. Quelle surprise alors pour les passagers de cette fusée isolée lorsqu'ils rencontrent un petit vaisseau extraterrestre, isolé lui aussi. Et, surtout, quelle attitude adopter ?
 

Lewis Padgett, Tout smouales étaient les Borogoves

Expérimentant une machine temporelle, un scientifique envoie dans le passé une boîte remplie des jouets de son fils. En 1952, le jeune Scott la découvre par hasard et, ignorant tout de son origine, peine à comprendre les étranges objets qu'elle renferme. De plus, il ignore comment justifier leur acquisition.

Campbell, par ailleurs auteur de La Chose et directeur de Unknown, restera à la tête de la revue pendant trente-quatre ans, jusqu'à sa mort en 1971. L'éditeur historique, qui s'est imposé parmi les figures majeures de l'âge d'or de la SF, aura fait de Astounding Science-Fiction l'une des plus importantes de son genre, une revue aux contenus consistants et intelligents, à l'image de ceux que propose cette sélection. Après son décès, elle continuera à évoluer tout en continuant à proposer une littérature prospective au registre assumé et à faire entrer de nouveaux noms au panthéon de la SF. À la différence de la majorité des autres magazines de la grande époque du pulp, elle existe encore aujourd'hui. Son titre, plusieurs fois modifié, est généralement abrégé en Analog.


Et pour en savoir plus sur les autres titres de la collection,
cliquez sur la pelle et la pioche.

vendredi 7 avril 2023

Philip K. Dick - Nick et le Glimmung

Philip K. Dick Nick et le Glimmung Folio Junior gallimard jeunesse
Philip K. Dick 

Nick et le Glimmung 

Ed. Folio Junior 

 
Si chacun cherche son chat, Nick cache le sien (à lire à voix haute, dix fois de suite - rassurez-vous, ce qui suit ne ressemblera pas à un exercice d'élocution).
 
Nick cache son chat, disais-je. En effet, les animaux sont interdits sur la planète bleue. Conséquence de la surpopulation à laquelle la Terre fait face et, par extension, à la pénurie alimentaire, les chats, les chiens, les perroquets, qui seraient autant de bouches à nourrir, n'ont plus droit de cité. Mais le jeune héros de notre histoire en a recueilli un et le cache, jusqu'au jour où, dénoncée par un voisin anonyme, sa famille apprend qu'elle va recevoir la visite d'un agent du service Anti-Animaux. Les parents et l'enfant, sa boule de poils sous le bras, décident sans attendre de fuir sur la Planète du Laboureur où les animaux ne sont pas interdits et eux ne seront plus dans l'illégalité...
 
Philip K. Dick Nick et le Glimmung Folio Junior gallimard jeunesse
Dans ce court roman publié à titre posthume en 1985, unique incursion à ma connaissance de l'auteur d'Ubik dans la littérature jeunesse, les thématiques sociales et sociétales sautent aux yeux dès les premières lignes : surpopulation et pénuries alimentaires, on l'a vu, mais également leurs corollaires tels que le mal logement, le manque de moyens du système éducatif, le chômage, l'automatisation des emplois manuels ou encore les Bullshit jobs, sans oublier, bien sûr, la délation et l'immigration.

Mais, une fois qu'il a exilé le chat, Horace, et sa famille d'adoption sur une autre planète, Philip K. Dick change son fusil d'épaule et abandonne toutes les pistes évoquées, de la même manière que les personnages laissent derrière eux leurs soucis terriens. Place alors à un registre plus léger et récréatif. Et foutraque. Ainsi, la famille découvre sa nouvelle planète et son environnement sauvage peuplé de pélicouics, de greumzs, de krakos cornus et autres glôtrons, autant de bêtes étranges qui se livrent à une guerre sous l’œil du Glimmung, une créature menaçante et invisible...
 
À partir de là, le ton restera enfantin et l'histoire, pleine de trouvailles inventives et d'espèces endémiques originales, ne sortira plus du cadre espiègle de la littérature jeunesse, sympathique et anecdotique. Pas de quoi fouetter un chat, quoi.

San-Antonio - Les Con

San-Antonio Les Con Fleuve Noir
San-Antonio 

Les Con

Ed. Fleuve Noir 

 
Un dimanche soir, au moment où Félicie lève le nez de son journal pour partager avec son fils une réflexion sur les patronymes lourds à porter - il est question dans les faits divers de la mort d'un monsieur Con - voilà que le téléphone sonne. Le patron réclame San-Antonio sur le champ ! Le commissaire passe la porte, laissant sa mère à ses nouvelles et ses pensées.

Le Vieux accueille San-Antonio et, ni une ni deux, lui expose la situation : Zyrcon, le fameux peintre inventeur du cônisme, se sait mourant. De son vrai nom Con, l'artiste a décidé de léguer son immense fortune à tous ceux qui portent le même nom que lui et ont eu le courage de ne pas le faire changer par l’état civil. Mais voilà ! Le coffre de l'office notarial dans lequel est conservé le testament a été forcé. Rien n'a été dérobé mais quelqu'un a pris connaissance du document et de la liste des futurs légataires. Or, depuis, deux d'entre eux ont été retrouvés morts. Maladroitement assisté par un Bérurier plâtré de la jambe et par un Pinaud fidèle à lui-même, San-Antonio se lance sur la piste la plus évidente : un Con a vraisemblablement entrepris de décimer tous les autres Con afin de toucher la plus grosse part possible de l'héritage à venir. Mais cela semble presque trop simple...
"- Je vais vous dire une chose. Cette affaire est extravagante. Effarante. Noire. Impensable. C'est une histoire de... de...
- De Con, monsieur le directeur, proposé-je..."
L'idée, aussi absurde qu'originale, est digne du maître incontesté du calembour et de la contrepèterie. Celui-ci s'y investit avec enthousiasme et décomplexion et, appelant un con un con, revient sur le fait qu'on est toujours celui d'un autre. Malheureusement, à égrainer les vérités sur les cons le long d'un intrigue qui n'est là que comme support, il finit par se heurter aux limites de l'exercice. On s'en rend vite compte, ce hors-série ne dépasse pas le cadre de la tentative d'épuisement d'un jeu de mots. Or, même San-Antonio, malgré son adresse pour le trait d'esprit et sa capacité à élever celui-ci au rang des beaux arts, finit par tourner en rond et par ouvrir en grand la porte aux blagues attendues et aux jeux de mots un peu faciles sur les cons.
"Mais pour qui me prenez-vous, policier ? Je suis un Con, moi, camarade monsieur. Un vrai. Me laisser conduire parmi la tourbe des assurés sociaux ? Me laisser tripoter par des mains d'individus qui, il n'y a pas si longtemps, s'en servaient pour marcher ! Moi, descendant en ligne droite de Con 1er, premier roi des Con ! Traitez-moi de con pendant que vous y êtes !"
Toutefois, l'auteur, qui a plus d'un tour dans son sac, fait baigner dans cette histoire de Con des personnages qui s'y comportent au naturel et ont même rarement autant paru à leur place. Tous y interviennent, Berthe et son amant, Félicie, Achille, tous. La langue est parfaite, les digressions nombreuses et inattendues, à l'image - s'il ne fallait en retenir qu'une - de celle dans laquelle il propose "le rebectage des chefs-d’œuvre en péril par absence de crédibilité". Jean Valjean envoyé en prison pour avoir volé un pain ? Bah, San-Antonio replâtrerait bien cette version en le condamnant plutôt "pour braquage de banque avec défuntage du caissier" ou dessoudage de pompiste. Et Emma Bovary. "A qui tu feras croire qu'elle a mené une vie pernicieuse alors qu'elle ne s'est farci en tout et pour tout que deux amants, ce que la femme d'un cadre moyen se paie par semaine et celle d'un P.-D.G. par jour en nos temps de belle reluisance." Tout un programme...
 
Aussi con soit-il, le lecteur n'est jamais à court de surprises avec San-Antonio.
 


 
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