Tiffany McDaniel - L'été où tout a fondu

Tiffany McDaniel

L'été où tout a fondu 

Ed. Gallmeister 

 

Il fait si chaud en cet été 1984 qu'on peut se demander si quelqu'un n'a pas ouvert la porte des Enfers. Or, c'est précisément cette année-là qu'Autopsy Bliss, le procureur de Breathed, Ohio, un homme en plein questionnement sur les notions de bien et de mal, a publié une annonce dans le journal local pour inviter le Diable à se rendre dans sa petite ville du Midwest...

 

Des dizaines d'années plus tard, Fielding, le fils du procureur, enfant au moment des faits et depuis devenu un vieil homme solitaire et neurasthénique, raconte les étranges évènements qui ont suivi cette invitation et durablement marqué la ville et ses habitants, à commencer par l'arrivée le lendemain d'un jeune garçon à la salopette crasseuse, à la peau sombre et aux grands yeux verts, qui prétend être Lucifer et répondre à l'annonce.

Même si c'est l'existence - ou non - du Diable qui est au cœur du livre de Tiffany McDaniel, L'été où tout a fondu est surtout un roman d'apprentissage, bien avant d'être un récit mystique ou fantastique. Le temps d'un été charnière suffoquant, l'auteure invite le lecteur à accompagner Fielding vers l'âge adulte, à expérimenter avec lui certains des grands évènements de l'existence, de ses bouleversements majeurs, et à s'accomplir, jusqu'à se retourner sur son passé, son enfance, et à faire le bilan d'une innocence perdue. C'est également l'occasion de s'interroger sur des thèmes sociaux et politiques, d'explorer quelques pistes de réflexion plus abstraites et surtout, surtout, de dresser les portraits de personnages poignants : la mère agoraphobe, le père en plein doute spirituel, le frère modèle ou encore, bien entendu, le mystérieux adolescent qui s'exprime peu mais dont les occasionnelles longues tirades, métaphoriques et déconcertantes, laissent planer le doute quant à son identité.

Ce sont tous ces éléments qui font du premier roman de Tiffany McDaniel un livre malin. Très Malin. Non seulement il est noir, poétique et touchant ; non seulement il est auréolé de mystère ; non seulement il est servi par une écriture maîtrisée et ponctué de fulgurances stylistiques ; non seulement il est d'une grande maturité et très abouti, mais en plus il est à l'image de son invité : malin. Malin avec une majuscule.