Catherine Dufour
L'arithmétique terrible de la misère
Ed. Le Bélial'
On dit souvent que la première impression est la bonne. Mais qu'en est-il de la dernière, hein ? Elle est persistante. Voilà. Et dans le cas du livre de Catherine Dufour, c'est bien dommage. Car si le recueil est bluffant, intelligent et dérangeant, il se termine sur un appendice qui fleure le choix éditorial malheureux et laisse comme un curieux arrière goût d'incompréhension. Les deux derniers textes sont donc des nouvelles de littérature blanche, l'une retraçant l'existence d'Alfred de Musset par le prisme de sa vie sexuelle (excellente nouvelle, au demeurant), l'autre offrant une variation sur le thème du torture porn (abusivement sanguinolent et sans réel intérêt). Certes, ils permettent d'apprécier la palette de l'auteure, mais tombent ni plus ni moins comme un cheveu sur la soupe.
Le recueil n'a à voir ni avec les écrivains romantiques, ni avec le sadisme. C'est de nous tous qu'il est question. Armée d'une imagination fertile ou d'une froide lucidité, d'un phrasé brut, sec, et bien décidée à ne rien épargner à son lecteur, Catherine Dufour dresse le portrait d'une société décadente qui, à un moment ou à un autre, a pris une mauvaise direction et s'enfonce aveuglément dans la déliquescence. Tout le système y passe : nos pratiques du quotidien, nos tendances, nos dérives… Le livre remue, fait grincer des dents.
Mais, la dernière page refermée, ce drôle d'appendice vient parasiter les impressions d'un recueil qui, par ailleurs, touche du doigt la perfection. Il vient surtout ruiner sa plus grande qualité : la cohérence. En effet, d'une parfaite unité de ton et d'une grande harmonie thématique et stylistique, L'arithmétique terrible de la misère est un recueil qui se lit comme un roman et dont les différentes nouvelles, qui s'enchaînent sans temps morts ni flottements, sont autant de pièces d'un ensemble homogène, difficile à décomposer. Et assez brillant.
Reste maintenant à espérer que les prochaines éditions seront tronquées de son dispensable appendice.
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Ton retour fait écho à ce que j'ai lu. Je n'écarte pas le recueil d'office car j'aime bien Dufour, je me le note pour quand ma PAL aura fait sa cure de désintoxication!
RépondreSupprimerEn effet, ce serait dommage de l'écarter.
SupprimerActuellement en pleine découverte du 1er recueil, l'accroissement mathématique du plaisir, j'aime beaucoup, celui-ci attend déjà dans ma PAL
RépondreSupprimerQuant à moi, j'ai fait les choses dans le désordre ; j'ai lu celui-ci et le premier recueil m'attend sagement sur ma PAL…
SupprimerAh mais en ce qui concerne la dernière nouvelle, j'avais bien dit de ne pas lire ! Autant vous dire qu'à écrire, ce fut une purge. Merci en tout cas pour cette belle chro'
RépondreSupprimerNe pas la lire… ne pas la lire… T'es as de bonnes. Il fallait bien que je sache pourquoi !
SupprimerDéfinitivement je ferai un peu de mal à mon côté complétionniste et je m'arrêterai avant la fin quand je le lirai. ^^'
RépondreSupprimerJe parie que tu la liras quand même !
SupprimerJe parie la même.
SupprimerC'est vrai que le recueil hors appendice est d'une extrême cohérence.
RépondreSupprimerBon j'ai une grande capacité à compartimenter mon cerveau, donc dès que j'ai vu appendice, j'ai considéré qu'on était dans autre chose, c'est mieux passé ^^
Une capacité qui me fait cruellement défaut.
SupprimerJe suis d'accord avec toi sur la cohérence et le côté bluffant, un peu moins pour l'appendice, qui est quand même dans la lignée féministe des deux dernières nouvelles avant l'appendice... J'y ai vu un prolongement plus qu'une vraie rupture, mais bon, j'ai tendance à être indulgent avec les autrices capables d'écrire "Enemy Isinme". ^_^
RépondreSupprimerLa grande cohérence est vraiment ce que je retiendrai de ce recueil.
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