Laurine Roux
Le sanctuaire
Ed. du Sonneur
J'ignore s'il s'agit d'un rêve classique chez les ornithologues ou plutôt de leur cauchemar récurrent, mais c'est la vision de Laurine Roux : l'humanité a finalement disparu, éradiquée par une maladie véhiculée par les oiseaux. Seuls quelques rescapés survivent ici ou là, à l'instar de la jeune narratrice, sa sœur et ses parents. Protégés ou emprisonnés - la nuance est mince - dans une parcelle montagneuse, ils vivent entre eux, guettent le ciel et tuent puis brûlent sans scrupule le moindre volatile qui s'aventure dans leur sanctuaire.
En se focalisant sur les sentiments de la narratrice, qui n'a jamais connu le monde d'avant ni même jamais quitté son territoire, et sous prétexte de couper les protagonistes de la civilisation ou d'immerger le lecteur dans un environnement champêtre, le roman semble s'intéresser à la relation que l'humain entretient avec la nature. Mais derrière ce premier niveau de lecture, il en est un second. La famille dont on suit les mésaventures reproduit à son échelle un schéma classique : le père dirige les membres de sa petite communauté d'une main de fer et tyrannise son épouse et ses filles. De fait, il s'interroge sur le poids de la famille mais également sur le rapport de domination de l'homme sur la femme ainsi que, par extension, sur le modèle patriarcal.
Je pense donc qu'il faut moins voir Le Sanctuaire comme une version minimaliste de roman de genre que comme une fiction illustrant une réflexion sociétale. D'ailleurs, si ce court livre propose une littérature sensible ainsi que des personnages touchants et nuancés, on en voit poindre la chute un peu trop tôt pour que seule son intrigue ne soit une bonne raison de le lire. En revanche, il soulève des questions pertinentes, invite judicieusement à la réflexion et engage à regarder d'un œil neuf les créatures plumées qui nous entourent.
Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici.
À enchaîner avec "Les Oiseaux" d'Hitchcock et on ne sort plus dehors sans un fusil.
RépondreSupprimerMais je ne sors jamais sans mon fusil. Pas toi ?
SupprimerJe n'ai pas du tout accroché, j'ai abandonné après une trentaine de pages. Impossible de rentrer dedans.
RépondreSupprimerC'est marrant, pour ma part je suis rentré dedans directement et je l'ai lu d'une traite.
SupprimerLe sujet de ce roman ma parait assez proche d'un roman jeunesse que j'ai lu et chroniqué il y a peu : http://sfemoi.canalblog.com/archives/2020/05/20/38307307.html
RépondreSupprimerEn effet, il y a l'air d'y avoir des similitudes avec "L'enfant de Noé". Je pense qu'il y en a avec beaucoup de post-apo minimalistes, déjà car le livre est une variation assez classique sur ce thème, ensuite car il leur rend ouvertement hommage.
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