Stéphane Malandrin
Le Mangeur de livres
Ed. Seuil
Pour son premier livre, Stéphane Malandrin entraîne le lecteur au Portugal à la fin du quinzième siècle. Adar et Faustino, deux frères ou tout comme, font les quatre cents coups, arpentent les rues à la recherche de petits larcins et prennent un malin plaisir à malmener leurs concitoyens. Jusqu'au jour où ils tombent sur un curé qui décide de les remettre dans le droit chemin, à coups de trique. Enfermés dans une crypte, sans perspective de sortie, ils n'échapperont à la famine qu'en dévorant les livres avec lesquels ils sont prisonniers. Une fois dehors, Adar ne mangera plus jamais rien d'autre. "Le Mangeur de livres" est né, la légende également.
À cette période, veille de l'imprimerie, les livres sont des objets d'art, des ouvrages rares qu'on ne trouve que dans des bibliothèques ou dans les monastères. Adar est donc condamné à hanter ces lieux, à la recherche de précieux codex dont les descriptions tiennent du bookporn à tendance fétichiste. Les images de manuscrits rédigés à l'encre naturelle, de papier vélin et de reliures pleine peau donnent lieu à des moments d'anthologie, tout comme les scènes orgiaques de repas qui sont d'évidentes références rabelaisiennes. Les allusions sont confirmées par la riche bibliographie en fin de roman, par la langue organique et viscérale ainsi que par la lente et littérale transformation du jeune garçon en ogre, devenu énorme d'avoir avalé des pages, ingurgité les connaissances et assimilé les savoirs. Sa transformation est autant physique que spirituelle.
Cette géniale fable (im)morale, oeuvre d'un obsédé du livre, me laisse dans un état second, extatique, et me donne bigrement envie de relire Gargantua et Pantagruel, dévorés il y a bien longtemps.
À cette période, veille de l'imprimerie, les livres sont des objets d'art, des ouvrages rares qu'on ne trouve que dans des bibliothèques ou dans les monastères. Adar est donc condamné à hanter ces lieux, à la recherche de précieux codex dont les descriptions tiennent du bookporn à tendance fétichiste. Les images de manuscrits rédigés à l'encre naturelle, de papier vélin et de reliures pleine peau donnent lieu à des moments d'anthologie, tout comme les scènes orgiaques de repas qui sont d'évidentes références rabelaisiennes. Les allusions sont confirmées par la riche bibliographie en fin de roman, par la langue organique et viscérale ainsi que par la lente et littérale transformation du jeune garçon en ogre, devenu énorme d'avoir avalé des pages, ingurgité les connaissances et assimilé les savoirs. Sa transformation est autant physique que spirituelle.
Cette géniale fable (im)morale, oeuvre d'un obsédé du livre, me laisse dans un état second, extatique, et me donne bigrement envie de relire Gargantua et Pantagruel, dévorés il y a bien longtemps.
Intriguant !
RépondreSupprimerN'est-ce pas ?
SupprimerIncroyable idée. Le livre ici présent est comestible j'espère ?
RépondreSupprimerJe n'ai pas osé y goûter, j'ai trop peur de devenir accro.
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