vendredi 26 juin 2020

Emmanuelle Pol - Le prince de ce monde

Emmanuelle Pol  Le prince de ce monde finitude
Emmanuelle Pol 

Le prince de ce monde 

Ed. Finitude


On vit dans une société déconcertante, à une époque troublante. Guerre, violence, injustice, inégalité, extrémisme, intolérance, j'en passe et des meilleures. La narratrice oublie heureusement tout ceci dans les bras de son amant. Elle oublie ce monde funeste et également son foyer, sa petite vie et son poste de conservatrice dans un musée poussiéreux. Mais quand elle finit par soupçonner l'homme dans les bras duquel elle se réfugie d'être à l'origine des maux de ce monde en totale déréliction, elle se pose la question : est-il possible qu'il s'agisse du Diable en personne ?

Prenant toujours bien soin de laisser planer le doute, Emmanuelle Pol s'amuse à brouiller les pistes. Sa protagoniste, partagée entre engouement, raison, scepticisme, croyance et besoin d'échapper à la réalité, ne sait plus où donner de la tête et ouvre les yeux sur ce qui les lui crevait alors, au risque de laisser sa santé mentale dans la bataille. Celle du lecteur est mise à l'épreuve... Quant à la morale, elle est laissée à sa libre déduction - sachant que si vous n'avez pas l'esprit trop tordu, vous suivrez la piste de la réflexion sur les relations toxiques. Et ce sera tant mieux car c'est sans aucun doute dans cette direction que l'auteure voulait vous emmener.

En revanche, si comme moi vous tirez tout par les cheveux et ne trouvez votre bonheur que dans les interprétations les plus alambiquées, vous verrez ce roman comme une  fiction déculpabilisante sur le mal qui nous entoure : pourquoi se faire trop de mouron ou se remettre inutilement en question quand on peut aisément - voire légitimement - mettre l'origine du mal sur le dos de ceux dont on doute des bons sentiments. D'ailleurs, à ce compte-là, on peut même en venir à souhaiter le pire à autrui car, s'il se produit, vous n'aurez qu'à blâmer votre prochain. Personnellement, je ne m'en prive jamais - et ne culpabilise même pas.

4 commentaires:

  1. Malgré ton esprit tordu, tu arrives tout de même à voir l'autre facette de la réflexion. Il y a encore de l'espoir pour toi. =P

    RépondreSupprimer
  2. Me tenterait mais ça à l'air machiavélique.
    Le diable n'a pas toujours des cornes on dirait.

    RépondreSupprimer