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mercredi 23 octobre 2024

Grégoire Bouillier - Le syndrome de l'Orangerie

Grégoire Bouillier 

Le syndrome de l'Orangerie 

Ed. Flammarion 


Grégoire Bouillier Le syndrome de l'Orangerie Flammarion
Tout débute au musée de l'Orangerie. Devant les Nymphéas. Face aux huit panneaux réalisés par Claude Monet, Grégoire Bouillier est pris de vertige. Que l'artiste impressionniste pouvait-il trouver de si spécial aux nymphéas et pourquoi s'était-il pris de passion pour ces fleurs, suffisamment en tout cas pour ne plus cesser de les cultiver et de les peindre - jusqu'à plus de quatre cent toiles, sans compter celles qu'il a détruites ? Que cache cette œuvre ? Car elle cache nécessairement quelque chose, non ? Et si oui, quoi ? Décidé à ne pas laisser ces questions sans réponse, il va chercher.

Bientôt aussi obnubilé par son sujet que le peintre par ses fleurs, le romancier va d'abord devoir dépasser sa première crainte : et s'il était persuadé de voir des choses qui n'existent pas ? Après tout, n'est-ce pas là le privilège du spectateur que de pouvoir prêter des intentions aux artistes ou imaginer des rapports entre une œuvre et des éléments personnels ? Son récit, qui prendra alors la forme d'un long travail psychanalytique et empruntera par la suite de nombreux sentiers de traverse, le fera s'interroger entre autre sur l'identité du Professeur Tournesol, la vie de Winston Churchill et l'œuvre de Boris Vian, le tout en arpentant les allées d'Auschwitz ou encore, évidemment, celles du jardin de Giverny. Mais surtout, il lui fera revisiter les grandes heures de l'histoire de l'art et décortiquer celles de la vie du peintre. Arrivé au bout du chemin, ce dernier n'aura plus de secret pour l'écrivain. Et presque plus pour le lecteur. 

Dans son livre, qui se situe à la frontière entre la tentative d'épuisement d'une œuvre d'art et l'exercice conjectural, Grégoire Bouillier ne se contente pas d'échafauder des théories. Il les met à l'épreuve. Son travail, brillant et fouillé, érudit et spirituel, est celui d'un homme obsessionnel qui ne laisse rien au hasard et veut aller au bout des choses. En effet, on l'aura compris, l'auteur de Le cœur ne cède pas a un vrai problème avec l'imprécision. Il voue à celle-ci une aversion presque pathologique. Il lui faut aller dans le détail, balayer les inexactitudes, les approximations et les ambiguïtés. Et, surtout, comprendre. Ce qu'il fait avec un dévouement et une application qui forcent le respect.

2 commentaires:

  1. J’allais te demander si tu allais le chroniquer..Belle chronique et je vais m’empresser de le lire.

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    1. Un livre vraiment passionnant (pour quiconque, évidemment, est prêt à se lancer dans des centaines de pages consacrées à l'histoire de l'art et à l'échafaudage de théories) !

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