mardi 22 mai 2018

Robert Silverberg - Le château de Lord Valentin

Robert Silverberg Le château de Lord Valentin Robert Laffont

Robert Silverberg

Le château de Lord Valentin

Ed. Robert Laffont


Je n'ai jamais été très versé dans le jeu vidéo. Néanmoins, au début des années 90, j'ai consacré un peu de temps à un jeu de tactique intitulé "Syndicate". Le principe en était assez simple : dans un univers futuriste à l'ambiance steampunk, à la tête d'un syndicat du crime, vous deviez remplir des contrats dans le but de conquérir le monde.

Je n'avais pas repensé à ce jeu depuis... oulala... (25 ans?) jusqu'à ce que ce livre le fasse resurgir du passé. Pourquoi ? Car dans certaines missions du jeu, selon les objectifs, plutôt que d'éliminer votre cible, vous pouviez avoir à la rallier à votre cause. Vous disposiez alors d'un outil particulièrement intéressant, j'ai nommé le persuadotron. Grâce à lui, arpentant les rues, vous persuadiez les citoyens de vous suivre, puis, de plus en plus influent, corrompiez les agents de police, voire vos ennemis. D'abord seul, vous pouviez terminer le niveau accompagné d'un véritable régiment.

Le château de Lord Valentin fonctionne un peu sur ce procédé.

On découvre Valentin, blondinet amnésique, seul à l'entrée d'une cité. Il rencontre une troupe d'artistes, s'essaye au jonglage et se retrouve à lancer les quilles devant son homonyme, Lord Valentin le Coronal, seigneur de la planète Majipoor. Mais Valentin le jongleur pourrait bien être plus que ça. Il est convaincu, et ses rêves récurrents n'y sont pas pour rien, que le vrai Coronal c'est lui, dépossédé de son titre et laissé sans souvenir par une odieuse conspiration. Il se met en tête de remonter sur le trône. Seul ? Non. C'est là qu'intervient le persuadotron.

Le roman est basé sur un système cyclique. Chaque nouveau personnage que Valentin croise finit par intégrer sa suite. D'abord ses camarades artistes, ensuite des inconnus de l'administration, enfin les lieutenants du Coronal. Si l'amitié et l'éloquence suffisent dans un premier temps, il bénéficie également des pouvoirs d'un artefact, un bandeau magique, son persuadotron personnel. Il terminera sa quête entouré d'une impressionnante cour.

Une fois saisi ce principe, on comprend rapidement où le périple de Valentin va le mener. Il fédère, certes, mais il est aussi confronté à une série d'épreuves qui le révèlera à lui-même, il fera face à l'adversité, aux interrogations et aux remises en question... jusqu'à découvrir la vérité. L'intrigue principale est donc relativement cousue de fil blanc et ne présente pas le principal intérêt du livre. Celui-ci réside plutôt dans la description du monde de Majipoor et des rites que le régissent, sa population, ses différentes races et la manière dont elles cohabitent, ainsi que dans la galerie de personnages secondaires.

L'auteur du Livre des crânes nous livre là un roman efficace, aux multiples épisodes aventureux et au somptueux décor, particulièrement fouillé. Il y a bien quelques longueurs sur la fin - alors que, paradoxalement, les ellipses s'enchaînent - mais les péripéties de Valentin sont très accrocheuses et il est difficile de ne pas lire d'une traite ce livre au nombre pourtant conséquent de pages. J'aurais d'ailleurs plaisir à retrouver Valentin et sa clique dans le deuxième volume du cycle, Chroniques de Majipoor.

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