samedi 12 octobre 2019

Camille Leboulanger - Bertram le Baladin

Camille Leboulanger Bertram le Baladin Critic phebus libretto

Camille Leboulanger 

Bertram le Baladin 

Ed. Critic 


Fi de la fantasy peuplée de mages et ponctuée de batailles entre orcs et nains, l'auteur de Malboire s'attaque ici à la variante soft du genre, troquant les guerriers contre des musiciens, les glaives contre des luths.

C'est annoncé dans le titre, Bertram est un baladin. Il va où le vent le mène, drapé dans son manteau multicolore, l'instrument à la main, et pousse la chansonnette à qui veut l'entendre. Sa musique ravit l'oreille, fait vibrer les âmes et ses paroles rapportent les légendes, histoires et traditions que nul ne peut plus mettre sur papier. En effet, toute forme d'écriture a disparu. Ou presque... Car, page 55 de la présente édition (Libretto, 2019), on peut lire ce qui suit :
"Le cavalier de tête ne se laissa pas démonter et lui tendit un parchemin cacheté. L'expression du sergent se radoucit au fil de sa lecture."
Bon. Comment peut-on encore lire si on ne peut plus écrire ? Ce drôle de paradoxe est plus qu'un simple détail, c'est un symptôme assez révélateur : les bonnes idées ne sont ni pleinement exploitées ni pensées à fond. Celle-ci n'est d'ailleurs pas la moindre d'entre elles à être négligée. Les personnages secondaires le sont également passablement. Chicots, notamment, était très prometteur. Petit malappris édenté, il est introduit comme un personnage intéressant et important dans l'intrigue mais il est rapidement relégué au rang de détail négligeable. Il apparaît ici ou là, généralement dans l'ombre, mais n'en sortira jamais vraiment. De même, alors qu'on ne peut plus rien consigner par écrit, certains puissants s'entourent d'hommes qui doivent retenir l'intégralité de ce qui se déroule et se dit autour d'eux, pour tout restituer en temps voulu. On les appelle des mémoires vivantes. Mais l'idée est encore une fois vaguement énoncée, les personnages entrent en scène et en disparaissent aussitôt. C'est dommage. Et c'est le gros reproche que j'aurais à faire à ce roman, c'est de ne pas avoir su soigner ses bonnes idées et d'être resté en surface, sans avoir jamais réellement creusé leur potentiel.

Pour autant, le deuxième roman de Camille Leboulanger est plutôt réussi. Il propose une intrigue efficace, à hauteur d'homme, et fait dans la sobriété. Car l'histoire de Bertram, membre de la Guilde des Musicien, aidé par une femme sans nom à rechercher l'instrument qu'on lui a dérobé, est un roman aussi simple qu'efficace. Récit de quête, parcours initiatique, livre musical, Bertram le Baladin est une intrigue bien menée, qui offre quelques jolis retournements de situations et, si le hasard fait parfois (trop) bien les choses, l'auteur mène plutôt bien sa barque. De plus, il a une jolie plume et il est souvent très inspiré dans ses descriptions, notamment celle de la ville et de ses origines. Au final, malgré ses quelques faiblesses, le roman est très plaisant et se dévore d'une traite ou presque.

Et si j'ai d'abord été gêné par les défauts, tout comme pour le sergent, mon expression s'est radoucie au fil de ma lecture.

D'autres avis ? Hop ! Lorhkan, Cédric, Blackwolf, Boudicca, Célindanaé...

4 commentaires:

  1. Je n'ose y croire, il y a forcément une explication pour la lecture du sergent. Non ? Vraiment ? O_o
    Je n'avais pas encore vu la couverture de cette édition. Ce livre n'aura eu que des couvertures étonnantes...

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    1. J'aime bien cette couverture, elle fait très littérature médiévale classique.
      Quant à la lecture du sergent, j'imagine que le concept de l'absence d'écriture n'a simplement pas été pensé jusque dans le détail.

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  2. Lapidation du correcteur ? Ou absence de correcteur ?

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