Robert E. Howard
Le Seigneur de Samarcande
Ed. Bragelonne
Pour ce recueil, Patrice Louinet, à qui nous devons déjà les excellents intégrales de Conan et de Solomon Kane chez le même éditeur, a compilé les récits épiques et historiques de Robert E. Howard. Si l'intention est louable, le résultat est malheureusement relativement indigeste. Le problème ne vient pas de la qualité des nouvelles sélectionnées - loin de là - mais de l'aspect redondant de leur lecture, alors que les textes étaient de toute évidence moins destinés à être publiés en un unique volume qu'à être lus épisodiquement.
Les intrigues fonctionnent toutes sur le même modèle et mettent en scène des personnages qui tendent à se ressembler, allant parfois jusqu'à se confondre : solitaires, violents, souvent en exil, ils ne s'accomplissent que par les faits d'armes, les démonstrations de force, les réparties cinglantes, et se jettent logiquement dans le premier conflit venu, quitte à livrer des batailles qui ne sont pas les leurs. Et c'est l'occasion pour l'auteur texan de dépeindre de vastes campagnes désolées et des ruines fumantes, des monceaux de cadavres et des corps luisants, des comportements bestiaux et l'intelligence mise au service de la guerre. Mais également - voire surtout - de somptueux décors exotiques qui ne sont pas sans évoquer les légendaires figures de l'histoire orientale et dont les descriptions pointilleuses sont servies par une langue soignée et un riche vocabulaire.
Cette compilation, sur laquelle il serait dommage de faire l'impasse mais qu'il est donc préférable de lire de manière sporadique, brille par les belles illustrations de Stéphane Collignon et par l'impressionnant travail éditorial de l'anthologiste qui, en plus d'une préface et d'une postface très instructives, signe une splendide traduction. Il rend ainsi hommage à la dimension littéraire et stylistique de Robert E. Howard.
Ce n'est pas un auteur qui m'attire (comme la couverture). Mais ravi de voir que ce recueil comporte un appareil critique, un plus indéniable dans ce genre de livres.
RépondreSupprimerEt un excellent appareil critique, qui plus est !
Supprimer"les textes étaient de toute évidence moins destinés à être publiés en un unique volume qu'à être lus épisodiquement" --> Oui, carrément. En lisant ces recueils aujourd'hui, on a une expérience très différente des lecteurs de Weird Tales, qui lisaient un texte par mois maximum. C'est comme Lovecraft, ça peut devenir indigeste si on enchaîne...
RépondreSupprimerD'après le sommaire de Noosfère, je n'ai lu aucun de ces textes. Mais j'imagine qu'on y croise Sonia la Rouge, vu la couverture?
En effet, Sonya la Rousse - pour être précis - y figure. Et c'est vrai que les textes devaient moins donner l'impression de se répéter...
SupprimerSonya la Rousse --> Oups, j'en avais fait une communiste!! 😆
SupprimerVa savoir, ce sont peut-être les prémices d'une interprétation inédite de l’œuvre d'Howard !
Supprimer