Brian Aldiss
La tour des damnés
Ed. Le Passager Clandestin
En 1968, la planète comptait quelques 3,5 milliards d'habitants. Cette année-là, Brian Aldiss, qui n'imaginait sans doute pas que ce chiffre monterait à 8,2 milliards en 2024, s'interrogeait sur les conséquences d'une telle surpopulation.
Pour illustrer sa théorie sur la tendance des populations à croitre, le romancier anglais envisage une expérience aussi folle qu'invraisemblable : confiner 1500 volontaires dans une tour de béton et d'acier. Nourri à volonté et coupé du monde extérieur, cet échantillon humain a pour unique contrainte de ne jamais sortir de cet endroit. 25 ans plus tard, une organisation internationale charge un enquêteur, Thomas Dixit, de se rendre sur place, d'analyser et de tirer les conclusions qui s'imposent.
Pénétrant dans la tour avec l'enquêteur, le lecteur constate certaines choses prévisibles, d'autres plus inattendues. Il découvre notamment que 75000 individus s'y entassent désormais. Le naturel reproducteur de l'espèce a fait son œuvre, tout comme son aptitude à instaurer une hiérarchie, des inégalités, la corruption et toutes ces capacités innées qui la caractérisent. Mais, chose plus étonnante, il aura suffi d'un quart de siècle pour que les habitants de la tour développent des capacités extrasensorielles. Surtout, les descendants des volontaires, qui ne connaissent rien de l'extérieur, n'ont aucune intention de quitter ce monde qui, malgré ses dysfonctionnements, est le seul qu'ils connaissent, le leur. Sachant cela, Thomas Dixit doit maintenant prendre une décision au sujet de cette tour et de ses résidants. Quant au lecteur, s'il est pugnace, il lui reste à tirer les nombreux fils de réflexions que l'auteur laisse à sa disposition. En effet, ce dernier entame de nombreuses pistes qui restent inexploitées, probablement entravé par le format court de son texte - ou peu convaincu lui-même par ses idées. La chute, abrupte et incertaine, me ferait plutôt tendre vers cette seconde hypothèse, de même que certaines incohérences et le recours aux raccourcis faciles.
Je suis tenté de vous dire qu'il est important, à la lecture d'un livre comme celui-ci, de le remettre dans son contexte, ce que la présente édition a bien compris puisqu'elle propose un dossier sur son époque de publication. Malheureusement, à l'image du texte qu'elle exhume, elle le recontextualise de manière assez superficielle. Et c'est bien dommage. Outre donc la faiblesse de l'appareil critique, les nombreux défauts du récits, le choix étonnant du format et une langue sans relief, La tour des damnés a toutefois pour intérêt, mais c'est une lecture assez particulière, de rappeler les mérites de la contraception. C'est toujours ça.
Vu ton art de la chute, c'est peut-être toi qu'on devrait publier.
RépondreSupprimerA condition que ce soit toi qui t'occupes de l'appareil critique !
SupprimerDommage en effet que l'auteur ne soit pas aller au bout de son idée, c'est un sujet très intéressant et son expérience donne matière à réflexion.
RépondreSupprimerIl s'est même arrêté très loin du bout de son idée. C'est vrai que c'est dommage...
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