dimanche 23 juillet 2017

Vassili Golovanov - Eloge des voyages insensés

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Vassili Golovanov 

Éloge des voyages insensés 

Ed. Verdier 


Sous-titré L'Île, le livre de Vassili Golovanov est le récit de ses voyages sur l'île de Kolgouev, dans la mer de Barents. Un récit, certes, mais pas que. Car l'essentiel de son récit ne réside pas dans le voyage et car le compte-rendu n'est pas exclusivement factuel. Vassili Golovanov part sur cette île du grand nord sans trop savoir ce qu'il y cherche, avec le vague espoir que son voyage l'incitera à se poser de bonnes questions et, pourquoi pas, à y trouver des réponses. C'est une quête personnelle, le besoin d'autre chose et l'envie d'un ailleurs.

Mais voilà, ses pas sur l'île le mènent bien plus loin que ce qu'il prévoyait et le confrontent à une situation dont il se fait le rapporteur et l'analyste. La description de l'île passe donc par l'étude de ce qui la compose et de la société qui la peuple, les Nénets. Nomades, chasseurs de rennes et surtout victimes du changement climatique et d'une évolution qui s'est faite sans eux, c'est un peuple ravagé par l'alcool et laissé pour compte. L'auteur se fait le témoin de leur situation et donne ses impressions sur leur culture et la mélancolie qui les caractérise actuellement. Fréquenter les Nénets lui donne à réfléchir à l'état plus général de la société depuis la chute du communisme.

L'ouvrage est assez éloigné du roman d'aventures et sa lecture demande une certaine concentration, d'autant plus que, dans un style poche de la prose poétique, il s'interroge sur de nombreux sujets abstraits. De plus, ses transitions sont parfois assez floues et il peut passer du coq à l'âne en un claquement de doigts. Une seconde d'inattention suffirait pour que vous perdiez le fil de ses pensées, ce qui serait d'autant plus regrettable qu'elles sont souvent aussi pertinentes qu'enlevées.

En faisant le portrait de cette île polaire, ce récit sensible donne la parole aux oubliés de la société et leur rend un hommage tout en finesse. C'est l'occasion de combler des lacunes historiques et géographiques (j'étais bien incapable de placer la mer de Barents sur une carte) et de découvrir le travail phénoménal de ce brillant journaliste, voyageur insensé.

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