Alain Gnaedig - L'homme armé

Alain Gnaedig 

L'homme armé 

Ed. L'Arbre Vengeur 

Il y a quelques années, je suis allé au cinéma voir Sherlock Holmes de Guy Ritchie. C'était du grand spectacle, un film qui en met plein les yeux et les oreilles pendant deux heures, plutôt efficace, un très long clip hyper visuel, au montage syncopé à vous rendre épileptique. Il y avait quelques bonnes réparties, un bon mot de temps en temps et des décors tape à l’œil. L'intrigue se reposait bien plus sur les personnages au classicisme dépoussiéré que sur l'intrigue dans la mesure où la production n'avait pas vraiment pris la peine d'investir dans un scénario solide. C'était un film très léché mais finalement presque aseptisé, du pur divertissement, très agréable sur le moment mais oublié presque instantanément.

Je referme ce livre en repensant au film de Guy Ritchie, parce que mes impressions sont très similaires. L'homme armé est un roman plaisant, plutôt bien écrit, qui recycle tous les codes du genre, exploite un très bon personnage et dont la trame, codifiée, peu convaincante et pourtant assez prenante, s'ouvre sur une scène d'action qui jette le lecteur directement dans la fosse. C'est un roman intelligent, parfois drôle, érudit et bourré de références - principalement à Robert Burton et à son Anatomie de la Mélancolie. Avec cette histoire de quête, de troubles d'identités, de mal incarné et de machine à prédire l'avenir, L'homme armé pourrait être au roman d'espionnage vintage ce que Sherlock Holmes est au cinéma du même registre : un divertissement à la forte première impression mais relativement périssable.