jeudi 30 août 2018

Joe Meno - Prodiges et Miracles

Joe Meno Prodiges et Miracles Ed. Agullo

Joe Meno

Prodiges et Miracles

Ed. Agullo


Jim Falls est un vieil homme qui fait tourner tant bien que mal son exploitation de poulets, ressasse ses souvenirs de guerre, entretient la mémoire de sa défunte épouse et tâche de faire de son petit-fils Quentin un homme. La mère du garçon, sa fille, est partie et l'absence partagée entretient comme un pont suspendu au dessus du fossé des générations. Ce triste quotidien est un jour perturbé par l'arrivée d'un cheval de course, une jument racée, à la robe blanche, immaculée, livré à la ferme par erreur. La chance pourrait bien avoir tourné. Mais à quel prix ?

Avec Prodiges et miracles, on a deux romans en un. La première moitié du livre est assez contemplative et s'intéresse à l'étude des personnages. L'homme et le garçon sont deux taiseux qui vivent simplement, s'interrogent en peu de mots sur ce don du ciel, évoquent l'existence de Dieu. Mais comme on s'en doute assez vite, le cheval suscite la convoitise et a tôt fait d'être enlevé. La seconde partie du livre voit donc le grand-père et son petit-fils sur la piste des ravisseurs. Le registre change, le ton également et le roman prend des airs de course poursuite violente et sanguinolente à travers les États-Unis.

Joe Meno est clairement bien meilleur pour analyser les rapports humains et mettre des mots sur les silences qui lient les personnages que pour la lutte et les effusions d’hémoglobine. L'action brute est bien moins convaincante que la subtilité et la sobriété du début. Cela dit, il y a tout au long du livre des passages assez touchants dans la relation entre le vieux et le garçon, alors que cette mésaventure est pour Quentin une bonne occasion de devenir un homme. Le livre a des aspects de roman d'apprentissage basé sur la mise à l'épreuve et la transmission de certaines valeurs à l'ancienne.

Surtout, l'auteur dresse là le portrait fascinant d'une Amérique rurale cafardeuse. Il parvient à suggérer de la beauté et injecter dans ses description une certaine forme de poésie désabusée et mélancolique.

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