dimanche 19 mai 2019

Tade Thompson - Les meurtres de Molly Southbourne

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Tade Thompson

Les meurtres de Molly Southbourne

Ed. Le Bélial'


Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi.
Ne saigne pas.
Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent.
Si tu trouves un trou, va chercher tes parents.


Molly est une petite fille qui vit isolée dans une ferme et dont les parents répètent en boucle les quelques lignes ci-dessus. Et pour cause, elle est dotée d'une étrange capacité : chaque goute de sang versé génère un double maléfique d'elle-même. Le roman relate son histoire, telle qu'elle est racontée à une femme enchaînée dans une cave par sa ravisseuse, Molly Southbourne.

En une petite centaine de pages, on découvre sa vie, son quotidien si singulier et les raisons qui conduiront à la situation du prologue. Disons qu'on finit par en découvrir les raisons si on ne les a pas devinées au bout de dix pages. En effet, c'est la grosse lacune du livre, l'intrigue est cousue de fil blanc et on en voit venir la chute d'entrée de jeu. Mais bon, c'est moins sur un suspens fou que sur un très bon concept que le livre fonctionne. L'idée est bonne, l'histoire est simple mais je me demande d'ailleurs, à voir la rapidité avec laquelle elle est bouclée, si le format est parfaitement adapté à une novella qui abuse des raccourcis scénaristiques et aurait bien mérité d'être étoffée. D'autant plus que le personnage est intéressant et que son cas ouvre de nombreuses pistes de réflexions et soulève des questions psychologiques qui sont, malheureusement, toutes plus ou moins laissées en plan, à la libre disposition du lecteur.

Malgré tous ces défauts, il est difficile de ne pas lire Les meurtres de Molly Southbourne d'une traite. Le style est d'une redoutable fluidité, l'idée franchement originale et le sort du personnage fascinant. De plus, même si on est plus proche du roman horrifique que de la SF pure, Tade Thompson mêle habilement les registres. D'ailleurs, en parlant de registre et pour revenir à ses défaut, le livre est abusivement - voire gratuitement - sanguinolent. Âmes sensibles...

Pour aller plus loin, voici les avis favorables de Célindanaé, de Gromovar, d'Apophis et de Artemus Dada et du Chien Critique.

4 commentaires:

  1. Je suis aussi mitigé sur ce texte, ça se lit tout seul, mais quelques hiatus ont empêché pleinement mon adhésion.
    Après cette excursion, pas sûr que je tente le Rosewater.

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    1. Moi non plus, d'autant plus qu'il s'agit encore du premier volume d'une série.

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  2. "telle qu'elle est racontée à une femme enchaînée dans une cave par sa ravisseuse"
    C'est pour moi un très gros spoil que tu as fait. On ne sait absolument pas que c'est une femme et je pense que les lecteurs ne devraient pas le savoir à l'avance... Si jamais tu changes ton texte je supprimerai aussi mon commentaire.

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    1. Le prologue, écrit à la première personne, évite soigneusement de préciser le sexe du narrateur. Ce procédé étant trop artificiel pour ne pas dissimuler quelque chose, j'imagine que j'en ai juste tiré la conclusion qui s'imposait : le narrateur est une femme.

      Le lecteur qui s'aventure dans ce livre à la lumière du bon sens en déduira très certainement la même chose. Inutile donc de retirer votre agréable commentaire, inutile également de modifier mon billet.

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