mardi 24 septembre 2019

Vincent Message - Cora dans la spirale

Vincent Message Cora dans la spirale Seuil

Vincent Message 

Cora dans la spirale 

Ed. Seuil 


Après avoir planté le décor assez rigoureux et presque documentaire d'une boîte d'assurances familiale, Vincent Message nous plonge dans le monde merveilleux des ressources humaines. Humaines ? Inhumaines ? C'est justement la question que soulève ce livre. En effet, la petite entreprise est rachetée par une plus grosse, qui compte moderniser, réorganiser et propulse une coast-killer pour tailler dans le gras. Cora, simple pion sur l'échiquier, vient de donner naissance à une petite fille et, tirant à contre-cœur un trait sur ses rêves artistiques, s'accroche à sa place confortable et rassurante, tout en cherchant à trouver un équilibre entre sa carrière professionnelle, son rôle d'épouse, de mère, de citoyenne.

Le livre n'est pas dénué de quelques défauts qui sautent au yeux. Il coche consciencieusement toutes les cases attendues de la comédie dramatique et va jusqu'à tresser une intrigue secondaire saugrenue et saupoudrée de bons sentiments sur la crise des migrants. Sans compter la couverture digne d'une romance sirupeuse d'Agnès Martin-Lugand et le titre semble-t-il emprunté à un mauvais épisode de série télé pour ados. Ceci étant dit, Cora dans la spirale est une fiction intelligente et plus fine que ce que ce début de paragraphe pourrait laisser penser. L'auteur des Veilleurs dresse le portrait bouleversant d'une femme prise dans la tourmente. Ce cas particulier, représentatif de la condition des femmes au travail, dénonce ouvertement le monde de l'entreprise et, plus généralement, tout le système capitaliste. Il met également en lumière la complexité d'une génération pressurée par la société, dénuée de repères, et invite à reconsidérer les priorités de chacun dans la vie. De plus, sa plume est d'une grande fluidité, totalement immersive, et le mystère qui plane autour de l'identité du narrateur donne lieu à une chute assez inattendue.

Mais le point fort du livre reste son personnage. Et pourtant, paradoxalement, c'est celui de la coast-killer que j'ai préféré. J'ai toujours eu un faible pour les personages secondaires, surtout quand ils ont le mauvais rôle.

6 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé son Défaite des maîtres et des possesseurs, engagé lui aussi.
    Ici, le sujet me parle moins, mais sait-on jamais.

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    1. Je n'ai pas lu "Défaite…" mais il me tente bien.
      Et le jour où le sujet te parle, n'hésite pas, il est bien traité.

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  2. Bon, je me laisserais peut-être tenter malgré tes bémols. Je te conseille aussi Défait des maîtres et possesseurs, qui est excellent...

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    1. Deux conseils le même jour pour le même livre, c'est un signe ! Je le lirai !

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  3. Il faut lire Défaite des maîtres et possesseurs... celui-ci me tente moins.

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    1. Un troisième conseil pour le même livre ! Sûr et certain, j'y viendrai !

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