Jean Hegland
Dans la forêt
Ed. Gallmeister
On se demande volontiers quel livre emporter sur une île déserte, plus rarement lequel il faudrait avoir au cœur d'une forêt. Si on élimine Walden de Thoreau, probablement la réponse la plus logique, le roman de Jean Hegland semble tout indiqué. En effet, non seulement il situe son action sous la canopée mais, en se lançant dans l'apologie de la communion avec les éléments et du retour aux fondamentaux, il invite à repenser la manière dont on appréhende la nature. Pour se faire, il vous convie dans la forêt, dans une maison isolée. Y vivent Nell et sa sœur Eva, la narratrice, confrontées à elles-mêmes, alors que leurs parents sont morts et que la société s'est effondrée. Il n'y a plus ni courant, ni électricité. Bientôt plus de vivres. La vie a de plus en plus des airs de survie.
À la fois fiction post-apocalyptique, récit naturaliste, expérience initiatique et tableau minimaliste, ce roman finit par s'orienter vers un militantisme féministe forcené, dont le message manque clairement de finesse - ce qui est étonnant au regard de la subtilité et de la sensibilité du roman - mais reste tout du long un huis-clos psychologique très efficace et diablement intelligent. Il règne constamment une tension palpable. La menace est partout, le pire n'est même pas certain, et la relation entre les sœurs est complexe, tendue, d'autant plus qu'entre l'obsession de la première pour la danse et celui de la seconde pour le concours d'entrée à Harvard, leur complicité est mise à rude épreuve par la promiscuité, le rationnement, le danger extérieur et l'incertitude. De plus, elles doivent composer avec la forêt, un personnage à part entière, à la fois menaçant et rassurant. Certains passages sont d'ailleurs très oppressants, d'autres d'une grande sensualité, toujours parfaitement rendus dans la version audio. Quant à a chute, elle est inattendue, visuelle, et soulève avec pertinence la question du livre à sauver s'il ne pouvait en rester qu'un.
Un post-apo que j'avais déjà dans ma ligne de mire. Ton avis renforce mon envie.
RépondreSupprimerTu peux y aller sans hésiter, c'est un bon post-apo (et un bon bouquin tout court).
Supprimerla fameuse question... BOn, je prends ma liseuse.
RépondreSupprimerAvec ce livre bien à l'abir. ;-)
Une liseuse, voilà la pirouette idéale pour la fameuse question du livre unique.
SupprimerJ'aime bien les post-apo, même atypique, mais ce récit me laisse plein de doutes. J'ai peur d'y trouver trop de sentimentalisme.
RépondreSupprimerIl n'y a pas trop de sentimentalisme car, si le livre est sensible, il ne tombe jamais dans la sensiblerie.
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