vendredi 1 mai 2020

Rebecca Lighieri - Il est des hommes qui se perdront toujours

Rebecca Lighieri  Il est des hommes qui se perdront toujours pol
Rebecca Lighieri 

Il est des hommes qui se perdront toujours 

Ed. P.O.L 


Pratique ! À la manière d'un avertissement au lecteur ou d'un message subliminal conçu pour être perçu au-dessous du niveau de conscience, Il est des hommes qui se perdront toujours comporte son propre résumé dès la page 38 :
"Des banalités mâtinées d'un soupçon de misérabilisme."
D'abord tenté de m'en tenir à cette remarque laconique, je crois qu'il serait plus pertinent d'argumenter. Alors voilà : Le nouveau roman de Rebecca Lighieri met en scène une famille pauvre dans les quartiers populaires de Marseille entre les années 80 et 2000. Le père drogué, la mère effacée sous les coups de celui-ci, le cadet handicapé, la benjamine à la beauté ravageuse et Karel, l'ainé et narrateur, qui a le mérite de n'être qu'insipide.

Le roman s'ouvre sur l'annonce de la mort du père et l'explication du décès en est le fil rouge. Mais cette intrigue molle agrémentée d'évènements incohérents, de clichés grossiers et de lamentables mésaventures cherche plus à tirer les larmes et à fabriquer des émotions à grands renforts d'épisodes tragi(comi)ques qu'à nuancer ses personnages. Car le principal défaut du livre tient dans son caractère caricatural. Tout est stéréotypé, ce qui fait que la réflexion de Karel sur son enfance volée a des airs de poncifs éculés et que son passage à l'âge adulte semble dans le meilleur des cas grotesque, dans le pire parodique. De même pour le propos, qui ne vaut guère mieux. L'auteur chausse ses personnages de gros sabots pour les envoyer s'aventurer sur la piste du déterminisme, assène d'énormes arguments scabreux et embourbe bien vite sa réflexion.

Tellement vite que j'aurais dû m'arrêter à la page 38.

4 commentaires:

  1. Woaw, voilà un titre qui ne viendra pas alourdir ma PAL... j'avais été déçue par "Les garçons de l'été", de cette même autrice, et je viens du coup de relire ma critique à son sujet : je lui reprochais entre autres le manque de crédibilité lié à des personnages trop caricaturaux (malgré une première partie d'intrigue assez prenante)... En revanche j'ai beaucoup aimé "Arcadie", publié sous son nom (Emmanuelle Bayamack-Tam) que j'ai trouvé original et solaire. Comme quoi...

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    1. Pour ma part, je n'avais encore rien lu d'elle, ni sous un nom, ni sous un autre.

      Il y a pas mal de bons retours de lecture sur ce livre… bons retours que je ne comprends pas…

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  2. Ça donne toujours un certain sentiment de complétion un livre qui se résume lui-même, ça donne presque l'impression de ne pas avoir perdu complètement son temps. C'est au moins ça.

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