Pages

lundi 19 octobre 2020

Tiphaine Le Gall - Une ombre qui marche

Tiphaine Le Gall  Une ombre qui marche L'Arbre Vengeur
Tiphaine Le Gall 

Une ombre qui marche 

Ed. L'Arbre Vengeur 


J'ai été vraiment tenté de laisser ici une page blanche. Vraiment. Mais si certains y auraient vu un hommage appuyé et évident, la majorité serait passée à côté. Une page blanche. Car c'est bien de ça qu'il est question dans ce roman. Une page blanche. Ou plutôt des pages blanches, celles qui composent le livre de Timothy Grall, le célèbre romancier qui envoya un énorme coup de pied dans la fourmilière du monde des lettres en publiant une œuvre vide. Vide ? Justement non. C'est ce que Tiphaine Le Gall entreprend de démontrer dans son premier roman. 

Une ombre qui marche est présenté comme l'essai de Maxime Desvaux, maître de conférence émérite en littérature française et comparée à l'université Sorbonne, Paris IV.  Ancien élève de Timothy Grall et spécialiste de son œuvre, il publie une étude sur les fondements et les enjeux de L'Œuvre absente, le roman aux pages résolument blanches à l'origine de la polémique. Surtout, il parvient - et c'est un bel exploit - à justifier l'injustifiable en donnant une explication à une œuvre qui en semble dépourvue. Car, contre toute attente, un livre peut être dénué de mots et, pour autant, ne pas l'être de sens.

Parsemé de nombreuses notes de bas de page et de références à la littérature, cette biographie fictive et faux essai critique fait très fort. Habile et ludique, Tiphaine Le Gall joue avec la mise en abîme et s'amuse à brouiller les pistes entre réalité et fiction. Mais en se prêtant à un tel exercice de style, elle se heurte à ses inévitables limites. Ainsi, elle m'a parfois perdu avec ses considérations universitaires et m'a également un peu égaré en mettant le doigt sur mes nombreuses lacunes. En effet, pleinement apprécier ce livre demande d'avoir quelques notions du monde de l'édition et de posséder un bagage solide en littérature. Vraiment, vraiment solide.

Trop d'érudition peut-elle tuer l'érudition ? Je crois que oui. Et elle peut surtout transformer un concept intéressant en littérature de niche.

9 commentaires:

  1. Si c'est une littérature de niche, c'est pour Le chien critique alors ! :p

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah non, c'est plutôt pour que je parte la queue entre les pattes me réfugier dans ma niche.
      Exercice de style, considérations universitaires, bagage solide en littérature : mon antithèse.
      Seul point commun, c'est la page blanche.

      Supprimer
    2. Alors la niche restera vide.

      Supprimer
  2. J'ai eu la même expérience avec une étude sur le personnage de "Barbarella" que j'ai lue il y a peu. Un livre fort intéressant mais d'une approche tellement ardue que je suis un peu passé à côté.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous avons certainement vécu une expérience comparable.

      Supprimer
  3. Ça a l'air conceptuellement conceptuel.
    (Merci d'avoir mis des mots. Je peux t'assurer que c'est mieux ainsi, pour nous pauvres mortels.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En effet. Le concept était enthousiasmant et il est brillamment exécuté. Mais peut-être trop brillamment pour moi.

      Supprimer
  4. une littérature de niche, je crois que l'on a un toutou dans le coin, non ?
    trp intellectuel pour moi

    RépondreSupprimer