lundi 14 décembre 2020

Grégoire Bouillier - Le Dossier M (2/2)


Grégoire Bouillier 

Le Dossier M (4 - Noir, 5 - Jaune & 6 - Vert) 

Ed. Flammarion 


Et Grégoire Bouillier transforma l'essai !

Après avoir entendu une voix intérieure le condamner à une période de dix ans de dépression à la fin de la première moitié du Dossier M, l'auteur de Rapport sur moi purge sa peine. Ces trois volumes en font le récit, ainsi que l'inventaire des multiples conquêtes dans les bras desquelles l'auteur a cherché à noyer son chagrin et qu'une impressionnante quantité de théories telles qu'il se plait à en échafauder.

Mais surtout, plus qu'une suite (ce qu'elle est tout de même), cette seconde partie propose une relecture de la première. Elle Apporte de nouveaux éléments, offre un angle et un point de mise en perspective nouveaux, et elle invite le lecteur à repenser la notion de réalité. Celle de l'auteur est-elle nécessairement la bonne ? Vaste question (j'invite les curieux à se rapporter à un essai de Pierre Bayard qui traite de ce sujet - ici). Certains éléments laissent planer le doute et suggèrent que le récit, s'il ne s'aventure jamais dans le domaine de la fiction, explore une zone trouble de la réalité.

Bref, l'auteur continue à réfléchir à l'évolution de la société et, considérant qu'il est "désormais en phase avec son époque", il s'interroge sur ce que cela signifie et implique. Toujours très porté sur l'art de la digression et confirmant sa grande maîtrise de la transition et son sens de la fluidité, il nous emmène d'un concert de Miles Davies à un tour du monde à la voile, d'une peinture du Greco au personnage du Pr Tournesol, d'un rôle de Lino Ventura à la mort de Kurt Cobain. Autant d'éléments versés à un imposant dossier, un dossier qui fait passer du rire aux larmes, un dossier d'une rare ambition, un dossier brillant et impeccable, un dossier de 3000 pages magnifiques, sans une seule ligne de trop.

Un dossier avec un grand M comme magistral.

11 commentaires:

  1. J'avoue qu'à la base cela ne me tente pas, mais désormais, j'ai bien envie de m'y intéresser.

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    1. Voilà qui me fait plaisir. Alors tu sais ce qu'il te reste à faire !

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  2. Woh. Si ça n'était pas 3000 pages, je crois que j'envisagerais l'expérience d'une lecture qui n'est pas de base pour moi tant tu la vends bien.

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    1. Je le vends bien ? Merci. Mais si tu ne sautes pas le pas, ça signifie que je pourrais le vendre mieux.

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    2. L'écueil des 3000 pages n'est pas de ton ressort. =P

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    3. Certes.

      Le premier des six volumes n'en compte "que" 500.

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  3. Je ne découvre qu'aujourd'hui cette très sagace recension, à laquelle j'abonde à tout crin.
    Ce livre est une des plus magistrales claques que j'ai prises au fil de cinquante ans de lectures.
    Ayant considérablement apprécié les trois petits ouvrages parus chez Allia au début des années 2000 (surtout L'invité mystère, où G.B. affine son art du récit et commence à vraiment s'amuser avec le lecteur), j'avais été ensuite très déçu de ne plus rien voir paraître de cet auteur. Puis je me suis fait une raison, me disant qu'il avait peut-être raconté tout ce qu'il avait à écrire.

    Mais courant 2018, au hasard d'une émission de France Culture dont il était l'invité à l'occasion de la sortie du Dossier, j'ai compris pourquoi rien n'avait paru de lui depuis douze ans…

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    1. Il te reste maintenant à lire Le cœur ne cède pas , dans lequel il nous fait une nouvelle démonstration de son immense talent et de son ambition. Bonne lecture !

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  4. C'est en cours, évidemment !
    D'autant que je suis l'hurluberlu qui a dégotté le journal de Bobby Sands pour Grégoire, qui je cherchait à tout crin.

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  5. "qui LE cherchait", pardon !

    Et au passage, Grégoire se mélange parfois les pinceaux dans les dates : en juin 2019 il n'avait pas encore dégotté l'émission sur Marcelle qui l'avait tant marqué (j'ai fait des recherches pour lui à l'époque, mais sans les bons mots-clés car il était persuadé qu'elle avait été mannequin chez Patou : heureusement qu'il a fini par croiser ce gars de l'INA !)

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