Octavia E. Butler
La Parabole du Semeur
Ed. J'ai lu
S'il m'arrive de porter des chemisettes ? Non, j'évite.
Je porte des tee-shirts, je porte des chemises, mais je ne porte pas de chemisettes. La chemisette, c'est le mal ! Le
vêtement du compromis. Tiens, c'est comme en littérature : j'évite de lire
des trucs tièdes. Je peux lire de bons livres, des livres dont j'ai quelque
chose à retirer, et je suis prêt à en lire de mauvais, au sujet desquels j'aurai de bonnes
raisons de me plaindre. Mais le tiède ne m'intéresse pas beaucoup, en partie car je n'ai généralement rien à en dire ici.
Le soucis, c'est quand le problème ne vient pas du livre mais du lecteur. Quand le livre est bon, du moins admis comme tel, mais que c'est moi qui
suis tiède. Comme avec le roman d'Octavia E. Butler, par exemple. Je l'ai refermé sans rien en penser. J'ai pourtant accompagné les personnages durant tout leur périple. J'ai observé les décors, j'ai été attentif à l'analyse de la société, à son effondrement et au constat des inégalités. J'ai tenté de comprendre le pouvoir de Lauren et d'adhérer à ses croyances. Mais j'ai surtout constaté que si elle était atteinte d'hyperempathie et pouvait ressentir les sensations des autres, j'en étais pour ma part totalement dénué. Du moins j'en ai été dénué à l’égard des protagonistes. Apathique. C'est ça. Pas suffisamment enthousiaste pour apprécier, pas suffisamment ennuyé pour abandonner. Donc je suis allé au bout en trainant les pieds, en piétinant dans un ventre mou romanesque, comme engoncé dans une chemisette. S'agissait-il d'une chemise trop grande ou d'un tee-shirt trop petit ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c'est que je ne lirai pas la suite, La parabole des talents.
Si je suis plutôt slip ou caleçon ? C'est un autre débat.
Ah, en effet, celui-là je n'étais pas allé plus loin qu'une dizaine de pages si je me souviens bien. Les livres qui rendent "apathiques", au fond, c'est comme les slips.
RépondreSupprimerMoi, je suis allé au bout. Mais je ne sais pas vraiment pourquoi.
SupprimerTu fais bien de ne pas poursuivre, c'est dans la même veine en peut-être encore plus terrible, mais avec toujours des lueurs d'espoir - c'est peut-être ça qui a dérangé ta misanthropie ? ^^
RépondreSupprimerMerci de me conforter dans mon choix de ne pas poursuivre. L'espoir en littérature, c'est le mal.
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