Ugo Bellagamba & Jean Baret
Le monde de Julia
Ed. Mnémos
Pendant un temps, je m'amusais à chercher dans les pages des romans que je lisais la citation qui pourrait à elle-seule en résumer le contenu ou, encore mieux, cerner mon sentiment en tant que lecteur. Ça a plutôt bien fonctionné ici, pas trop mal là, ailleurs également sans doute mais je ne sais plus où, puis j'ai fini par laisser cette idée de côté. Je l'adopte de nouveau, juste le temps de ce roman, tant une phrase, extraite de son contexte, m'a interpelé. Je vais y venir. Mais voyons d'abord ce qu'il en est de ce roman co-écrit par Ugo Bellagamba & Jean Baret.
À une époque indéterminée, le monde est divisé en clans qui tentent de recréer, à leur manière, les fondements de la société telle qu'ils la conçoivent et qui adoptent des consignes et des contraintes tirées des œuvres marquantes de la culture populaire. Ainsi, s'inspirant de Brazil ou de Sa Majesté des Mouches, obéissant aux règles du Fight Club ou à l'esthétique de THX 1138, ces clans se côtoient, se jaugent, s'absorbent.
Perchée dans une montagne et loin de ces problématiques, la petite Julia vit avec Roland, le robot auquel ses parents l'ont confiée avant de disparaître. La machine lui prodigue un enseignement, la protège, lui apporte du soutient et de la compagnie. Mais quand la batterie de Roland rend l'âme, Julia se retrouve seule. Elle décide alors de quitter son refuge. Sa découverte du monde passera par de longues conversations fantasmées avec des philosophes, auteurs des textes fondamentaux de la discipline, Montesquieu et Cyrano en tête.
Que ce soit à travers les questions que soulève l'expérience des membres du clan ou celles de Julia sur la route, les deux romanciers se lancent dans un cours magistral sur les libertés et l'esprit des lois. En effet, il est important, pour pouvoir comprendre la société et en dessiner des contours fiables, de saisir les concepts sur lesquelles celle-ci repose. Mais si l'intention est louable et le procédé méritoire, la forme est péniblement didactique. Visiblement focalisés sur la rentabilisation de leurs vieilles fiches bristol stabilotées rédigées pendant leurs années d'études et ressorties pour l'occasion, les auteurs, accessoirement historien du droit pour le premier et avocat pour le second, ont totalement négligé la dimension romanesque de leur entreprise, qui se réduit rapidement à des conversations artificielles et poussiéreuses. Les grandes lignes de théorie politique ou de philosophie qu'ils recyclent sont passionnantes en tant que telles mais anachroniques au possible. Par conséquent, le roman sonne faux du début à la fin.
"Jamais tu n'as été aussi ennuyeux et aussi peu convaincant, Jean."
Cette citation ne s'adresse pas qu'à l'auteur de la trilogie Trademark, même si c'est son nom sur la couverture qui m'a donné envie de l'ouvrir. J'englobe Ugo Bellagamba dans ce constat. Mais je ne suis pas rancunier. J'y reviendrai.
Outch, cette citation est terrible. C'est tout ce qui m'inquiétait avec ce livre, me voilà absolument pas rassuré et bien moins tenté. 😅
RépondreSupprimerJe reconnais qu'elle est terrible...
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