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mercredi 1 novembre 2023

Frédéric Dard - Le tueur triste

Frédéric Dard Le tueur triste Fleuve Noir san-antonio
Frédéric Dard 

Le tueur triste 

Ed. Fleuve Noir 


Lino est dans de beaux draps. Oui, c'est lui qui avait mis Maurice dans le coup pour la casse de la bijouterie. Sauf que celui qui devait rester assis derrière le volant, moteur en marche, s'est finalement barré avec les cailloux. Mais sans ses complices. Pour ces derniers, Lino est responsable du fiasco. Sa seule chance, s'il ne veut pas en payer la note, est de remettre la main sur le traitre et, encore mieux, sur le butin par la même occasion.

Le problème, c'est que Maurice est dans la nature. Alors plutôt que de lui courir après, Lino va préférer l'attendre là où il est certain qu'il finira par repasser : chez sa mère. Là, sous un faux prétexte, enfermé avec la vieille femme et les deux sœurs cadettes du malfrat, il patiente. Mais pour combien de temps ? Les jours passent, la promiscuité et la tension font leur œuvre, d'autant plus que son comportement et ses manières éveillent les soupçons. Quant aux raisons de sa présence, elles s'embrouillent. En effet, celui dont on apprend le passé au gré des pages pourrait avoir trouvé là ce qu'il n'avait jamais eu et dont il avait toujours rêvé sans jamais oser se l'avouer : un foyer. Mais un tueur triste comme lui peut-il seulement y prétendre, surtout quand le rapport à ses hôtes est biaisée ? Sa prise d'otages va s'orienter vers une prise de conscience.
"Cette grande baraque où j'avais passé les plus sales heures de ma vie. Et peut-être aussi les plus belles !"
Malheureusement, bien que basé sur une trame prometteuse, ce roman noir teinté de psychologie ne tient que moyennement ses promesses. L'intention y est, c'est certain, mais le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. Le père de San-Antonio n'esquisse que vaguement son étude et les portraits qu'il dresse de ses personnages manquent de profondeur. Pourtant, en cloisonnant son intrigue dans un périmètre restreint, il ne multiplie pas les protagonistes et peut se concentrer sur chacun. Mais les confrontations peinent à convaincre, tout comme le rachat du gangster, dont les détails de la jeunesse tombent à des moments parfois opportunistes. Malgré ses imperfections, le livre se lit tout seul, d'une traite, notamment grâce à une narration minimaliste et efficace ainsi qu'à un style très sûr qui assume parfaitement les codes du genre.

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