Pages

mercredi 28 août 2024

San-Antonio, l'année 1981

San-Antonio a publié trois épisodes des aventures de son commissaire éponyme en 1981. C'est peu, tu trouves ? Je voudrais t'y voir, toi. Et puis c'est sans compter sur les livres qu'il a signés sous d'autres noms. Va donc jeter un œil à la liste de ses pseudonymes, ça te remettra les idées en place, gros malin ! En attendant, ces trois romans, les voilà :

---
 

San-Antonio On liquide et on s'en va fleuve noir
San-Antonio 

On liquide et on s'en va  

Ed. Fleuve Noir 


Le truc est très au point : à Montmartre, pendant que le public, captivé, assiste à sa performance exhibitionniste, un groupe de pickpockets détrousse les touristes. Or, ce jour-là, ils ont dérobé le mauvais objet à la mauvaise personne. Ce dernier, après avoir remonté la piste des voleurs, a finalement remis la main sur ce qui lui appartient, laissant ensuite tout le monde avec deux balles dans le corps. 

Avec pour unique indice l'enregistrement de la bande son des meurtres, San-Antonio va se lancer à la suite du tueur, un "homme sans foi ni loi, sans feu ni lieu, dont la conscience doit ressembler à un camion de vidange accidenté". Notre héros n'aura pas trop de l'aide de ses deux acolytes, Béru et Pinaud, pour retrouver et appréhender le dénommé Stromberg, un redoutable assassin qui laisse derrière lui une montagne de cadavres. 

Cet épisode, qui conduit notre trio de France en Côte d'Ivoire en passant par l'Angleterre, sera rythmé par les troubles gastriques d'un Pinaud inénarrable et les délires en tout genre d'un Bérurier en grande forme. L'auteur se fait plaisir, il multiplie les accumulations et les divagations, pour les scènes cocasses il se surpasse. En revanche, il ne s'encombre pas d'un scénario solide et laisse même le lecteur sur une chute plutôt vague. On ne saura jamais vraiment quelles étaient les motivations du tueur. Mais était-ce indispensable ?

---
 

San-Antonio Champagne pour tout le monde Fleuve Noir
San-Antonio 

Champagne pour tout le monde 

Ed. Fleuve Noir 

"La bagnole possédait une carrosserie italienne. La fille aussi, probablement. L'une, comme l'autre, mobilisait les regards, mais les deux réunies t'énucléaient littéralement. La seconde avait quelque peine à ouvrir la première. Je me précipitai, en regrettant que ce ne fût pas la deuxième qui fût à ouvrir. Mais qui savait..."
San-Antonio aide donc la jeune femme a déverrouiller et à le démarrer le véhicule, juste à temps pour réaliser qu'il ne lui appartenait pas. Le voilà complice d'un vol de voiture ! Heureusement, celle-ci est rapidement retrouvée mais... il manque quelque chose à l'intérieur. Notre héros va devoir retrouver ce quelque chose. Le roman démarre alors sur les chapeaux de roues et mettra le commissaire à rude épreuve. Entre autres péripéties, on le retrouvera notamment au fond d'un puits, condamné à cent-trente ans de travaux forcés ! Les scènes qu'il y passe offrent une variation bienvenue et assez inattendue sur le thème de la grande évasion. 
"- Et toi, grand fou, d'où qu'tu sors ?
- D'un puits, lui dis-je, comme la Vérité." 
Tout ceci donne une nouvelle occasion à l'auteur de démontrer dans quel bois son personnage est taillé : "Une âme trempée à Tolède, des nerfs d'acier, des réflexes prompts, un self-contrôle à toute épreuve."

---

San-Antonio La pute enchantée Fleuve Noir
San-Antonio

La pute enchantée 

Ed. Fleuve Noir

 
Quelle surprise pour monsieur Félicien lorsque Fortuna, la prostituée avec laquelle il s'affaire dans un hôtel de passe parisien, entre en transe et a soudain une vision : un massacre est en train de se produire en ce moment même à Nice ! Qu'en penser, surtout quand on constate que l'évènement s'est réellement et fidèlement produit ? C'est à cette question que vont devoir répondre San-Antonio, Bérurier et Pinaud. Mais, pour ne rien arranger, la prostituée se fait bientôt enlever et son client échappe de peu à un attentat. 

L'auteur envoie ses personnages dans une histoire pas très catholique, pas non plus surnaturelle, prétexte à d'incroyables digressions. Une multitude de sujets y passe, de la télé à la banane en passant par la politique, Des Chiffres et des Lettres, la littérature ou les considérations du romancier sur le métier d'écrivain. Ajoutez à cela la régression prolétarienne d'Achille, vous obtenez un épisode fou, ponctué de figures de style, d'onomatopées comme s'il en pleuvait et d'adresses délirantes au lecteur, dont je vous livre un extrait, sorti de son contexte :
"Donc, le cœur bat. Il vit. La balle aura dérapé sur son formidable occiput ; merde qu'est-ce que je raconte : le front, c'est pas l'occiput ! L'occiput c'est derrière, hein ? Quel œuf ! Et devant c'est le... l'os, quoi ! Bon, très bien, donc, la balle tirée à bout portant a dérapé sur l'œuf qui pue. Je veux dire : sur l'os frontalier ; tu me suis ou tu me précèdes ? Tu me précèdes ? Alors je t'écoute. Comment ? Elle n'a fait qu'assommer le gros ? Lui a occasionné un traumatisme  bilocéphale quadruple avec perduration spasmodique somme de deux francs ? C'est grave ? Ca dépend ? De quoi, ça dépend, hé, banane ! De la résistance du sujet et de savoir si le lobe arrière droit s'est décroché  et si Pâques tombe un dimanche l'année prochaine ? Ah ! Bon, oui, je comprends. Mais qu'est-ce qu'on peut faire dans l'immédiat ?"
---

Plutôt un bon cru !


 
Et pour suivre l'avancée de ma lecture complète des aventures du commissaire San-Antonio, cliquez sur le sourire de l'auteur !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire