Pierre Barrault
Flouter les pigeons
Ed. Quidam
Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup. En l'occurrence, le loup est un pigeon.
"Enfant, je voulais devenir savant fou."
Artalbur, l'alter ego de l'auteur, si ce n'est lui-même, arpente des rues en compagnie d'un certain Bolusion, le cousin du réceptionniste - au cas où ce détail aurait son importance. Où ? Quand ? Difficile à dire. Le temps et l'espace sont autant de notions abolies par un romancier qui balaie du revers de la main toutes les règles susceptibles d'être appliquées au monde des lettres et qui semble même ne considérer la littérature que comme un vaste laboratoire d'expérimentation.
"J'ai renoncé, peu à peu, à devenir savant."
La cohérence n'a pas sa place dans cet univers audacieux. D'ailleurs, raconter une histoire n'est pas une fin en soi mais un prétexte tout trouvé pour énoncer des situations singulières et désorienter le lecteur à grands coups de "débris narratifs", d'aphorismes farfelus ou de pensées d'une apparente naïveté, à l'image des quelques dessins qui les illustrent. Pierre Barrault se joue des apparences.
"Je suis fou, par contre."
Fou ou lucide, ce qui est certain, en revanche, c'est qu'après des œuvres aussi déconcertantes que Protag ou encore Catastrophes, l'écrivain angevin persiste et signe dans sa tentative d'encore et toujours repousser les frontières du possible. The sky is the limit ? Pour vous peut-être, pour les pigeons certainement, pas pour Pierre Barrault.
Je dois être un pigeon parce que je me sens assez flou après t'avoir lu.
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