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lundi 17 janvier 2022

Johan Daisne - Un soir, un train

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Johan Daisne 

Un soir, un train 

Ed. L'arbre vengeur 


Vous seriez capable de me citer le nom d'un romancier belge néerlandophone, vous ? Non ? Bah maintenant, vous pouvez : Johan Daisne. On en apprend tous les jours, n'est-ce pas ? Et en voilà même un peu plus : l'écrivain flamand, né en 1912 et mort en 1978, est l'auteur passablement oublié d'une œuvre poétique, romanesque et théâtrale, et s'inscrit dans le courant du réalisme magique. Quand je vous disais qu'on en apprend tous les jours. C'est ça qui est beau avec internet. Vous cliquez sur un lien, plus ou moins par hasard, l'œil vague collé à votre écran, telle la vache devant sa voie ferrée, et là où vous vous attendez à lire le bête avis d'un lecteur, vous assimilez des informations qui vous serviront un jour, va savoir, à épater la galerie ou à battre vos adversaires lors d'un jeu quelconque. Mais pour cela encore faudrait-il que vous reteniez ce que vous êtes en train de lire, ce qui n'est pas gagné si ce billet ne se grave pas plus dans votre mémoire que ce roman ne s'est inscrit dans la mienne. En effet, même s'il est tout à l'honneur de l'éditeur bordelais de l'avoir exhumé, élégamment illustré et fait préfacer par un autre belge, je crains que Un soir, un train ne soit pas réellement mémorable et que, telle la vache oubliant le trafic ferroviaire de ce jour, je n'oublie rapidement ma lecture d'hier soir.

Œil vague ? Vache et voie ferrée ? C'est exactement ça. J'ai assisté au passage du train, le regard bovin, sans dénicher à quoi me raccrocher. Je m'attendais pourtant à trouver mon compte avec l'histoire de cet homme qui constate un jour que tous les passagers du wagon dans lequel il se trouve sont endormis. Tous. Il est d'abord troublé par cette coïncidence, puis intrigué, puis effrayé. Alors il passe dans le wagon suivant mais là aussi tout le monde dort. Le wagon d'après, pareil. Il va pour explorer un nouveau wagon quand il est abordé par un autre passager. Les deux hommes commencent à réfléchir à la situation, constatent qu'ils sont les seuls éveillés et que leur montre s'est arrêtée à la même heure avant de divaguer sur le sens ou la vacuité de la vie, le temps qui passe et l'inertie de l'existence. Le roman prend alors une tournure métaphorique mais, avant que je n'en réalise l'intérêt potentiel, le train avait déjà filé, m'abandonnant sur le bord de la voie. Impossible de le rattraper. Je prendrai le suivant.