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vendredi 6 septembre 2019

Robert Merle - Malevil

robert merle malevil folio gallimard

Robert Merle 

Malevil 

Ed. Gallimard 


Elle a fini par exploser, la bombe. Du moins, entre toutes les hypothèses probables, c'est celle sur laquelle s'arrêtent les personnages de Malevil. En même temps, une bombe ou n'importe quoi d'autre, quelle importance ? Le résultat est là : il ne reste sur cette terre brûlée qu'une poignée d'heureux élus. Heureux ?

Dans cette version rustique du roman post-apocalyptique, le survivalisme a tout de la comédie humaine, une comédie rapportée par Emmanuel, le simili notable de campagne, bienveillant mais opportuniste. Le récit est ensuite régulièrement annoté par Thomas, le parisien du terroir et compagnon d'infortune, qui corrige des détails, apporte des précisions, revient sur des subtilités et remet volontiers en perspective des évènements parfois plus interprétés que rapportés. De même, ce second point de vue creuse les personnages, le lecteur découvrant que la personnalité de chacun d'entre eux dépasse de loin les contours grossiers qu'on pourrait facilement s'en faire. Car tous, de la maîtresse de maison rigide à son grand idiot de fils en passant par le communiste de service ou l'ouvrier de base, chacun a du relief et autant d'importance dans la communauté que dans la réussite du roman.

Au passage, un pied dans l'oeuvre de genre et l'autre dans le terroir, ce livre abode des sujets de société tels que la place (peu reluisante) occupée par la femme ou la confrontation urbaine et rurale. Il ne mâche pas non plus son patois pour dézinguer la religion et en particulier ses représentants qui abusent de la foi de leurs brebis, confondent croyance et asservissement ou encore guerre de clochers et désirs de grandeur. Le tout sur fond de robinsonnade, romanesque, maligne et somptueusement écrite, au décor visuel de créneaux, mâchicoulis et pont levis.

Avec Malevil, Robert Merle signe un livre incontournable et ce n'est pas Le chien critique qui me contredira.