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dimanche 23 juin 2019

Theodore Sturgeon - Les plus qu'humains

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Theodore Sturgeon

Les plus qu'humains

Ed. J'ai Lu


Du même Sturgeon, j’ai lu Cristal qui songe quand j'étais ado et j'en garde vaguement le souvenir d'un roman poussiéreux, caricatural et à la langue assez maladroite. J’imagine que c’est à mettre sur le compte d’une traduction datée et de l’immaturité du lecteur d’alors. La parution des œuvres de l'auteur dans une nouvelle mouture était l’occasion d'y revenir mais en ouvrant plutôt Les plus qu’humains.

Le roman s'ouvre sur une scène très forte. On découvre "l'idiot" dès les premières pages, un personnage solitaire et inadapté dont le portrait frappant est saisissant d’humanité. Rapidement confronté à une fille étrange, il est brutalisé par le père extrêmement violent de celle-ci avant d'être recueilli par un couple, les Prodd, avec lequel il va découvrir la sécurité et l'affection. Après l'intensité de la première scène, le livre offre des moments de pure grâce dans la relation très singulière et touchante qui se crée entre "l'idiot" et ce couple sans enfant. Mais cette cohabitation ne dure qu'un temps. En effet, ce n'est pas le sujet du livre.

Les personnages secondaires finissent donc par entrer en scène et les fils narratifs par se multiplier. On pénètre alors dans le vif du sujet : Les plus qu'humains s'intéresse à la vie communautaire d'une poignée d'enfants "différents", doués de talents et de capacités surhumaines. Il décrit leur accession au gestalt, une forme de vie grégaire dans laquelle chacun apporte au groupe et comble les lacunes communes avec ses lacunes personnelles.

Les personnages font des va et vient, la narration et les points de vue changent régulièrement, l'intrigue devient décousue, l'auteur saute du coq à l'âne et il perturbe le lecteur en décuplant les focales ainsi qu'avec un découpage en trois parties dont l'apparente indépendance est pour le moins déroutante. J'ai eu beaucoup de mal à trouver une cohérence dans ce roman à tiroirs et à raccrocher les différentes trames. Et j'ai fini par me perdre dans cet ensemble confus. Ajoutez à cela le fait que je n'aie pas adhéré au caractère philosophique du livre et sois resté assez sceptique face à cette approche thérapeutique, que les personnages m'aient laissé insensible, à l'exception de "l'idiot" lors de cette scène d'une grande sensibilité de cohabitation avec les Prodd, vous comprendrez que mon enthousiasme ait pu retomber comme un soufflé après l'excellente amorce du roman.

De la confiture aux cochons, vous direz-vous. Et vous aurez probablement raison. Tout le monde s'accorde à qualifier ce roman de classique, de chef d'oeuvre du genre, de fable morale incontournable. Peut-être Sturgeon n'a-t-il juste rien à dire au cochon que je suis.