Eugène Sue
Les mystères de Paris
Ed. Gallimard - Quarto
Ce roman-feuilleton - que dis-je ?- ce classique de la littérature de genre s'ouvre sur le portrait de Rodolphe. Rodolphe, le personnage central, est très mystérieux. On apprendra au fur et à mesure du livre (vous avez des centaines et des centaines de pages devant vous pour apprendre des choses...) quelles sont ses origines. Il est beau, il est grand, il est fort, parle bien et se bat comme personne. Et c'est pratique car ça lui sert d'entrée de livre à protéger la Goualeuse des violences du Chourineur qui deviendront rapidement tous les deux des personnages principaux de l'intrigue. Une des caractéristiques de Rodolphe est qu'il est doté d'un sens infaillible pour distinguer le bien du mal et qu'il utilise cette compétence pour récompenser les bons et punir les mauvais. Car c'est un peu ça le sujet du roman, la différence entre les uns et les autres, sachant qu'il n'y a pas réellement de juste milieu...
Durant les épisodes de ce feuilleton, on suit Rodolphe de plus ou moins près, mais on rencontre également une galerie de personnages secondaires, parfois de la haute société, souvent du petit peuple, voire des miséreux. Et, rapidement, on réalise que pour Eugène Sue, les premiers sont focalisés sur les jeux de pouvoir et sur l'argent, qu'ils sont prétentieux et orgueilleux. Et, pendant qu'ils se perdent dans de vains conflits, la plèbe se meurt de misère. Disons que l'auteur décrit bien mieux les basses couches sociales mais que son portrait des différentes classes manque un peu de finesse.
L'intrigue est bien menée. On ne compte pas les rebondissements et c'est probablement ce qui en fait l'exemple type de la littérature de masse. En effet, il semblerait qu'à l'époque de sa publication, tout le monde en ait été lecteur, y compris ceux qui ne savaient pas lire et qui se le seraient fait raconter par les autres. Ce fut un énorme succès. Et un succès qui dura. Pourtant, au bout d'un certain temps, des longueurs se font sentir et, à la fin du livre, il est temps que l'histoire se termine.
La langue est très argotique et le livre est rempli de notes explicatives en bas de page. C'est bien utile car je pense qu'aujourd'hui plus personne ne peut comprendre un tel langage. Rodolphe le maîtrise, lui, car il sait tout faire, Rodolphe. Il y a donc matière à apprendre du vocabulaire même s'il est peu probable qu'il serve de nos jours.
En me relisant, je me rends compte que je ne fais pas un portrait très flatteur de ce livre. Et c'est surprenant car j'ai passé du (bon) temps à le lire, que j'y ai pris plaisir et que, si c'est vrai que l'histoire s'essoufflait sur la fin, j'ai été triste de laisser Rodolphe et sa clique. Et ce feuilleton eut-il fait mille pages de plus que je les aurais lues. C'est dire.
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