ChronoPages - Morceaux choisis
Ed. 1115
Durant le confinement, les éditions 1115 ont généreusement offert, dans le cadre de l’opération Bol d’air, les versions numériques des cinq nouvelles suivantes, issues de leur collection ChronoPages et regroupées pour l’occasion dans le recueil "Morceaux choisis".
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Luce Basseterre - Visite fantôme
La première de ces nouvelles, signée Luce Basseterre, nous invite à suivre une jeune cheffe de chantier confrontée à d'étranges disparitions dans son équipe. Bien décidée à élucider le mystère, elle mène son enquête, ce qui va la conduire, ainsi que le lecteur, dans une maison… hantée.
Assez classique dans son déroulé et dans sa chute, cette histoire de fantômes est toutefois très efficace et brille notamment par une plume délicate, une ambiance immersive et un bon personnage.
Bruno Pochesci - Orwell m'a tu
La deuxième nouvelle est plus politique, ancrée dans le réel et alerte ceux qui n'en auraient pas conscience de ce qui nous pend au nez à chaque élection.
L'auteur imagine que, dans un futur proche, la France est gouvernée par l'extrême droite. Les nettoyages ethniques, une consommation exclusivement nationale, la fermeture des frontières, des rebaptisations aseptisées, les mariages entre français de souche, tout y passe. Mais le couple dont il est question ici a jugé bon de passer outre cette dernière directive : l'épouse, qui vit sous une fausse identité, n'est pas exactement française…
Une nouvelle un brin caricaturale mais, derrière son aspect décomplexée et excessif, elle est malheureusement très crédible. Sa chute est abrupte et sans concession.
Nicolas Le Breton - Odregan #1
J'ai l'habitude de prendre des notes durant mes lectures et de jeter à froid les premières impressions qui me permettent ensuite d'alimenter ce blog. Là, c'est simple, j'ai en tout et pour tout écrit les deux mots suivants :
"Rien compris"
J'ai beau avoir replongé le nez dans cette troisième nouvelle au moment de rédiger cet avis, je ne suis pas beaucoup plus avancé. J'en reste à cette triste conclusion :
"Rien compris"
Frédéric Czilinder - Bois hurlants
On passe donc directement à la quatrième nouvelle, ma préférée du recueil.
Le récit d'un homme âgé nous ramène dans un orphelinat pendant la guerre. Le vieillard revient sur ses jeunes années et dresse le portrait d'une jeune fille mystérieuse qui partageait son quotidien d'enfant et dont il était secrètement amoureux. On la dit autiste. Mais sa différence tient plutôt dans sa sensibilité, ses pouvoirs singuliers, la manière dont elle communique avec la nature et vit au contact des éléments, sans retenue. Un jour, les nazis arrivent à l'orphelinat…
Cette nouvelle a tout du conte. Étrange et poétique, elle est bien construite et utilise un niveau de langue intéressant. Surtout, elle est sensible, touchante et adopte un aspect visuel frappant et assez impressionnant dans sa chute. J'ai vraiment beaucoup aimé.
Le récit d'un homme âgé nous ramène dans un orphelinat pendant la guerre. Le vieillard revient sur ses jeunes années et dresse le portrait d'une jeune fille mystérieuse qui partageait son quotidien d'enfant et dont il était secrètement amoureux. On la dit autiste. Mais sa différence tient plutôt dans sa sensibilité, ses pouvoirs singuliers, la manière dont elle communique avec la nature et vit au contact des éléments, sans retenue. Un jour, les nazis arrivent à l'orphelinat…
Cette nouvelle a tout du conte. Étrange et poétique, elle est bien construite et utilise un niveau de langue intéressant. Surtout, elle est sensible, touchante et adopte un aspect visuel frappant et assez impressionnant dans sa chute. J'ai vraiment beaucoup aimé.
Louise Rouillier - Infiniment
En conclusion de ce recueil, Louise Rouillier imagine un projet digne d'un savant fou : mettre au monde un être vivant immortel. Créé à partir d'une technologie extraordinaire, cet homme défie les espérances les plus insensées sur la longévité. Mais dans quelles conditions ? Le lecteur assistera avec lui, impuissant, à l'Histoire du Monde.
S'interrogeant sur le désir de prolonger la vie et sur le prix à payer pour viser l'éternité, l'auteure nous invite à relativiser le temps qui passe. Mais, comble du paradoxe, si la première moitié de la nouvelle est excellente, elle tire en longueur durant la seconde moitié. Des longueurs dans une nouvelle sur la relativité du temps, c'est pas banal, n'est-ce pas ?
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S'il en fallait une, ce recueil est donc une preuve par cinq - où plutôt par quatre en ce qui me concerne - que la littérature de genre à la française a de beaux jours devant elle. Et ce n'est pas Célindanaé qui me contredira.
Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici.
Merci pour le lien.
RépondreSupprimerOn a quasiment le même avis ;)
C'est vrai qu'on est raccord. Je vois d'ailleurs que "Odregan #1" t'a laissé aussi perplexe que moi…
SupprimerC'est marrant, je crois deviner quels passages vous paraissent "longs", mais je pense que c'est ceux que j'ai préféré écrire :) De gustibus etc. Merci pour cette critique !
RépondreSupprimerCe sont des longueurs très relatives, j'ai aimé la nouvelle du début à la fin ! C'est donc moi qui te remercie !
SupprimerDe rien, c'est toujours un plaisir de se faire chroniquer par des lecteurs cultivés. Moi qui romance en général la mythologie, j'ai presque envie d'écrire plus de SF rien que pour ça :)
SupprimerMythologie et SF, c'est un bon mélange, ma foi.
SupprimerIl est dans mes prochaines lectures. J'avais bien aimé le Orwell, le infiniment me fait envie.
RépondreSupprimer"Infiniment" est très bien même si j'ai préféré "Bois hurlants".
SupprimerJe suis très, très impatient de lire ton avis sur "Odregan #1"...
Tu veux dire qu'il faut lire ça maintenant pour pouvoir dire dans quelques années qu'on les lisait déjà en 2020 ? Bon, je vais vraiment réfléchir à me lancer alors.
RépondreSupprimerOn pourra s'en vanter, effectivement. Mais en toute modestie, n'est-ce pas ?
SupprimerIl faut lire les éditions 1115... il y a de nombreux bons textes !
RépondreSupprimerJ'avais adoré le texte de Louise Rouilliez.
En effet, leur catalogue a l'air vraiment intéressant. À creuser, quoi.
SupprimerPour moi aussi ce sera "Bois hurlants".
RépondreSupprimerCordialement.
J'aime quand nous sommes d'accord !
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