Henri Duvernois
L'homme qui s'est retrouvé
Ed. L'arbre vengeur
En 1936, trente ans avant que Pierre Boulle ne fasse réaliser à ses personnages que la planète peuplée de singes sur laquelle ils avaient échoué n'était autre que la Terre du futur, Henri Duvernois réservait un sort équivalent à son héros. Parti pour un voyage intersidéral en direction de Proxima Centauri,
Maxime-Félix Portreau constate en posant le pied au sol qu'il est revenu à son point de départ, qu'il a voyagé dans le temps et non dans l'espace. Il est arrivé quarante ans
en arrière...
Bien décidé à croiser son moi du passé, il veut lui faire partager son expérience et lui éviter de commettre les mêmes erreurs. Mais, têtu comme une mule et bien moins malin que prévu, le jeune homme ne veut rien entendre de celui qui se présente comme un oncle d'Amérique, riche et plein de conseils avisés.
Illustrant l'adage qui dit que "si jeunesse savait, si vieillesse pouvait", Henri Duvernois met son personnage dans une situation complexe et parfois embarrassante. En effet, que ce soit à l'échelle du Monde ou à celle de sa famille, modifier la course du temps
n'est pas un exercice aisé. Ainsi, qu'il passe pour un illuminé quand il présente l'avenir du cinéma et de l'automobile ou qu'il se fasse railler quand il prédit la Première Guerre mondiale, c'est une chose. Mais quand il réalise que lui, jeune homme, n'est qu'un cas désespéré et désespérant, gauche et orgueilleux, c'en est une autre ! Et le narrateur, bourgeois blasé mais plein de bonnes intentions, forcé d'admettre que certaines étapes sont incontournables, assiste impuissant à un spectacle qu'il connaît pour l'avoir vécu lui-même quarante ans plus tôt.
Cette comédie dramatique existentielle à l'allure de roman de genre manie avec beaucoup d'habileté un humour désabusé teinté d'une forme subtile de nostalgie. Le voyage, marquant, est l'occasion rêvée de (re)découvrir un auteur plein d'esprit et à la plume élégante, malheureusement tombé dans l'oubli.
L'arbre vengeur, toujours. Je ne compte plus les bouquins de cette maison d'édition que je dois lire. Hélas le temps...
RépondreSupprimerOui, encore L'arbre vengeur... Je vais finir par leur demander des royalties...
SupprimerPas trop, car avec celui ci, tu ne me fais pas envie (et en plus la maison ne pratique pas le numérique on dirait)
SupprimerPas envie ? Zut, je recherchais l'effet inverse...
SupprimerQuant au numérique, je crois qu'ils s'y mettent enfin (mieux vaut tard que jamais) !
Avant Pierre Boulle certes, mais tellement après le mythe de Cassandre. =P
RépondreSupprimerJ'ai envie de dire pourquoi pas. Surtout que vu le logo de fin de billet, ça a l'air d'être un récit plutôt court, ça facilite la tentative.
C'est vrai, je n'avais pas pensé à Cassandre, condamnée à prédire un avenir en lequel personne ne croit - même s'il est plus question ici de maladresse que de malédiction. D'ailleurs, à ma connaissance, Cassandre ne s'envole pas pour Proxima Centauri. ;o)
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