Fabrice Chemla
Le laboratoire de l'imaginaire
Ed. Le Bélial'
Mes cours de chimie semblent bien loin et d'autant plus nébuleux que je les ai tous consacrés à rêvasser. Or, que ce soit pour imaginer des univers ou des matériaux et qu'elle ait été écrite par des auteurs classiques ou contemporain, la littérature de l'imaginaire fait régulièrement des allusions à ce domaine. Conclusion, je n'avais jusqu'alors d'autre choix que de prendre pour argent comptant les informations dispensées par les auteurs : on m'annonce que telle matière est constituée de tels éléments ? d'accord ; que tel mélange provoque tel précipité ? parfait ; que telle action entraîne telle réaction ? pas de problème. Mais la crédulité a cette limite au-delà de laquelle on bascule dans la naïveté. À moins d'ailleurs que ce ne soit l'inverse... Quoi qu'il en soit, il n'est jamais trop tard pour combler ses lacunes.
Se mettant au niveau de gens comme moi, c'est-à-dire curieux mais non outillés, et fondant ses démonstrations sur de nombreuses références de la science-fiction, principalement littéraires, Fabrice Chemla invite le lecteur à revenir aux fondamentaux. Atomes, isotopes, molécules ou distillation, le professeur de chimie à Sorbonne Université nous explique ce que nous devons savoir en la matière, tableaux et schémas à l'appui. Malheureusement, tous les concepts ne sont pas évidents à appréhender, malgré des explications relativement limpides étayées d'exemples concrets. Aussi, après une lecture pourtant assidue et enthousiaste, je suis bien incapable d'expliquer comment le gecko fait pour adhérer au plafond ou ce qui fait qu'une surface phosphorescente brille dans le noir. Suis-je donc condamné à continuer de croire tout ce que je lis dans les romans de science-fiction ? J'en ai peur. Mais la faute n'en revient pas à Fabrice Chemla, qui a su retenir toute mon attention - notamment grâce à la solidité de la bibliographie qui ponctue son essai. N'oublions pas qu'avec son livre, il entend faire rimer chimie et littérature de genre.
Le scientifique multiplie donc les références, en prenant toutefois bien soin de séparer les arrangements fantaisistes de certains auteurs - parfois peu regardants, parfois tout simplement dans l'erreur - de ceux qui font preuve de rigueur. Il s'attarde évidemment plus sur ces derniers - il n'y a qu'à lire les pages qu'il consacre aux romans de Jules Verne ou à l'œuvre de Franck Herbert pour s'en rendre compte. Il profite d'ailleurs de son analyse de l'épice de Dune (un sujet qu'il avait déjà abordé dans le volume de la collection Parallaxe consacré à l'œuvre de Franck Herbert) pour expliquer son métier : l'énumération des étapes par lesquelles il faudrait passer pour déterminer la composition du mélange d'Arrakis détaille le rôle du chimiste. Pour rappel, et il aurait sans doute fallu commencer par là, le chimiste est celui qui étudie la science de la matière à l’échelle moléculaire ou atomique. Autrement dit, le chimiste est celui qui sait expliquer pourquoi le sel se dilue dans l'eau ou le fer rouille - et comment le gecko fait pour adhérer au plafond.
Moi aussi j'aimerais bien savoir comment l'épice phosphorescente adhère aux plafonds, mais je crois que je mélangerais tout et que je ne serais pas capable de le retenir moi non plus. Ce qui, vu ce que tu en dis, ne m'en donne pas moins envie de lire ce livre.
RépondreSupprimerIl sera mien comme tous les opus de la collection. J'adore ce mix sciences / Imaginaires même si j'en ai quelques uns de retard (une bonne moitié !)
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