Erwan Larher
Le livre que je ne voulais pas écrire
Ed. Quidam
Elle m'a tendu ce livre en me disant il faut que tu le lises alors j'ai jeté un œil distant sur la couverture et blasé j'ai répondu en substance que le massacre du Bataclan c'était dramatique et tragique mais que ce n'était pas pour autant que je voulais lire les témoignages de tous les survivants donc elle a insisté un peu elle m'en a fait l'article comme quoi c'est plus qu'un témoignage c'est un objet littéraire que le gars raconte son expérience mais pas que et qu'en plus c'est un livre sensible et très fort à la fois grave et plein d'autodérision écrit d'une plume fluide précise touchante sous forme d'un roman choral et qu'il arrive à mettre des mots sur des sentiments et des émotions et des choses indicibles et que c'est pour toutes ces raisons que le livre n'est pas qu'un récit que c'est bien plus que ça alors elle a bien vu que je commençais à me dérider et qu'elle avait capté mon attention donc elle en a rajouté une couche au cas où ses arguments n'auraient pas suffi alors elle m'a dit qu'en plus le livre est publié chez Quidam que j'adore et qu'elle avait encore le cœur tout serré en repensant à ce qu'elle venait de lire alors qu'en plus elle a rigolé parfois froncé les sourcils et grincé des dents et qu'elle avait envie de rencontrer l'auteur pour lui dire qu'elle l'aime et comme elle l'a trouvé sympa et drôle et expressif et poignant et qu'il avait une telle puissance d'évocation et un traitement si original et qu'il avait fait de sa blessure une force et qu'elle voudrait le serrer dans ses bras maintenant et elle s'est aussi dit que la vie est vraiment une chienne et qu'elle est pourtant belle et que l'humanité est pourrie mais qu'il faut continuer à y croire et qu'il faut se battre et qu'on a de la chance et elle a continué à me parler mais elle n'avait plus vraiment besoin d'en rajouter parce qu'elle m'avait donné envie et elle a ensuite rajouté je t'en dis pas plus parce que je voudrais pas t'en dire trop sinon il n'y aura plus de surprise alors tiens prends-le et lis-le dès que tu seras chez toi et on s'est séparés là-dessus je lui ai dis je te tiens au courant à bientôt puis je suis rentré chez moi j'ai ouvert le livre et je ne l'ai refermé que quelques heures plus tard à la dernière page.
Elle avait raison sur toute la ligne.
C'est bien la moindre des choses que l'on puisse faire,lire ce livre pour ne pas oublier.
RépondreSupprimerBelle chronique,beaucoup de sensibilité.
Merci beaucoup. C'est un livre qui a su toucher ma corde sensible.
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