Michal Ajvaz
L'âge d'or
Ed. Mirobole
De retour d'un séjour sur une île perdue en Atlantique, le narrateur de ce roman te raconte, cher lecteur, les trois années qu'il y a passées. Enfilant tour à tour les costumes d'explorateur, de sociologue, d'ethnologue ou d'observateur naïf, il décrit par le menu les us et coutumes d'une société qui pourra te sembler étrange tant son mode de vie et son fonctionnement sont éloignés du tien. Tout est différent, on n'y porte aucun nom défini, le quotidien obéit à des règles difficiles à comprendre, les priorités ne sont pas les tiennes et l'insularité est poussée à l'extrême. Surtout, cher lecteur, la notion d'Art y est unique. L'île ne compte qu'une œuvre, une seule, un livre aux caractéristiques multiples. Il circule depuis toujours entre les habitants qui le lisent, le modifient et le font vivre. Perpétuellement inachevée et en constante évolution, la lecture est donc inédite à chaque fois, chacun y rajoute sa touche, ôte ou altère tout ou partie de celle du précédent lecteur / contributeur puis voit s'éloigner l’œuvre qu'il ne retrouvera jamais exactement comme il l'a laissée.
La description de cette île est le travail cohérent et minutieux d'un perfectionniste qui dresse là un portrait scrupuleux et passionnant. Il se penche sur son organisation, ses traditions, son administration, sa population, son architecture, a pensé à tout et dans tous les détails. Il s'adresse à toi, cher lecteur, s'offre le droit de t'interpeler et de te tutoyer. Mais, considérant sans doute qu'une étude de l'île et de ses habitants ne pouvait suffire à ce projet, il a agrémenté son récit d'histoires dans l'histoire. Et c'est là, je pense, son erreur. L'auteur se disperse inutilement en anecdotes parallèles qui diluent le livre plus qu'elles ne l'agrémentent. Ainsi on suit des courses poursuites sur les toits parisiens, des amourettes du passé et d'autres épisodes que j'ai régulièrement été tenté de sauter pour revenir au sujet principal.
Les heures passées sur cette île en compagnie de ce guide espiègle, cher lecteur, sont indéniablement stimulantes. Elles font voyager, proposent une mise en perspective qui fait relativiser notre mode de vie mais je ne suis pas sûr pour autant d'aller y passer mes vacances...
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