Magnus Mills - 3 pour voir le Roi

Magnus Mills 

3 pour voir le Roi 

Ed. Cambourakis 

Ce troisième roman de Magnus Mills, ancien conducteur de bus londoniens recyclé dans la littérature, démarre comme une comédie britannique pince-sans-rire. Elle met en scène un ermite dans une maison en fer-blanc perdue au milieu d'une vaste plaine inhospitalière, balayée par les bourrasques de sable. Sauf que sa précieuse solitude est rapidement - très rapidement même, en deuxième page pour être précis - perturbée par l'arrivée d'une femme, bien décidée à s'installer chez lui. Le temps passe, le vent souffle, les pages se tournent et les évènements anecdotiques se suivent sans trop qu'on sache what the point is.

Arrivé aux deux tiers du roman, alors qu'on commence à se demander où tout ça peut bien mener, une intrigue se met subitement en place. Les rares - et lointains - voisins quittent la plaine. Tous démontent leur cabane et partent dans la même direction. Peu curieux mais poussé par la femme, notre héros part jeter un œil. Il découvre qu'un homme un peu plus allumé que les autres s'est mis en tête de creuser un cañon dans la région et d'y fonder une communauté. On vient de loin pour le rejoindre et participer à ce projet grotesque, totalement dénué de sens. Le roman change alors radicalement de registre et tourne à la fable absurde et métaphorique, dans une vague variation sur le thème du mouton de Panurge. L'auteur s'y interroge sur la capacité du plus grand nombre à faire abstraction de tout esprit critique lors des mouvements collectifs.

Le problème de ce livre, c'est que si le dernier tiers est assez malin et plutôt inattendu, la première partie, gentillette et inoffensive, ne présente pas réellement d'intérêt. Cela dit, elle se lit sans déplaisir, d'autant plus que la plume particulièrement fluide de Magnus Mills conduit sans même qu'on s'en rende compte au cœur du récit et à une chute bien sentie. Mais je referme ce roman en me demandant tout de même à quoi peut bien servir cette longue introduction.