dimanche 18 novembre 2018

Pierre Bayard - Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ?

Pierre Bayard 

Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? 

Ed. Minuit 


Pierre Bayard Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer Minuit
Adolescent, Pierre Bayard tombe amoureux de Geneviève Dixmer dans l'adaptation télévisuelle du Chevalier de Maison-Rouge, le roman d'Alexandre Dumas. Il suit avec passion le destin de la jeune femme et découvre son funeste sort à la fin du quatrième et dernier épisode. Des années plus tard, il continue à se demander si elle aurait pu couper (!) d'une manière ou d'une autre à l'échafaud. Il décide alors de réécrire le livre et d'entrer dans ses pages en endossant le rôle de Maurice Lindey. Transporté par la magie de sa plume au XVIIIème siècle, il revit les aventures du jeune révolutionnaire. Ainsi, exposé à son tour aux choix auxquels est confronté le personnage principal, il s'interroge sur les conséquences des décisions qu'il prend et sur la tournure des évènements.

Comme souvent chez Pierre Bayard, l'étude de ce roman est un prétexte pour soulever des problématiques et les étayer par des démonstrations philosophiques, sociologiques et psychanalytiques. Ici, pour étudier la notion de dilemme, il est surtout question de deux grands courants de la philosophie morale, l'éthique des principes (les obligations et les interdits) et l'étique des conséquences (l'indissociation des actions et des résultats). Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? est une fiction théorique (pour reprendre le terme de l'auteur) qui multiplie les références. Son principe est inventif, son sujet passionnant, son étude ludique et sa démonstration limpide et particulièrement accessible.

Mais surtout, là où l'universitaire fait fort, c'est qu'il a réussi en cent cinquante pages à me réconcilier avec un roman qui m'avait laissé de marbre. J'avais trouvé Le Chevalier de Maison-Rouge fichtrement mièvre et je ne me posais pas tellement la question de savoir si cette godiche de Geneviève Dixmer devait ou non y laisser sa tête. Cette nouvelle version, débarrassée des sentiments dégoulinants (malgré un sérieux bémol pour la description douteuse et presque embarrassante de sa nuit avec l'héroïne) et concentrée sur les questionnements psychologiques, est d'autant plus captivante qu'elle est rédigée à l'économie, non dénuée d'une certaine forme de suspense et parsemée de touches d'humour. 

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