mercredi 20 février 2019

Marc Bernard - Sarcellopolis

Marc Bernard Sarcellopolis Finitude

Marc Bernard

Sarcellopolis 

Ed. Finitude 


95200 est le titre d'un album du Ministère A.M.E.R. Pour autant, Sarcelles, dont c'est la code postal, n'est pas que la banlieue emblématique du rap français des années 90. C'est également, voire surtout, la ville qui vit germer l'un des premiers grands ensembles français. En 1963, Sarcelles est une cité florissante qui offre la promesse d'une existence meilleure, des logements neufs et une vie de quartier, à un jet de pierre de Paris.

Mais si, dans la capitale, on entend parler de cette ville nouvelle, personne ne va vérifier sur place ce que colporte la légende. Alors Marc Bernard, journaliste, critique, romancier - prix Goncourt 1942 - et défenseur de la littérature prolétarienne y est envoyé en mission par son éditeur. Il s'installe quelques mois dans une tour, contemple et témoigne.

Pour paraphraser la quatrième de couverture, Sarecellopolis n'est ni un essai sociologique, ni un traité d'urbanisme. Plus proche du reportage gonzo, il relate l'immersion de l'auteur qui se met en scène au quotidien. Marc Bernard se promène dans les rues, discute avec les habitants, les élus ou encore sa gardienne d'immeuble et il décrit l'ambiance, la culture, les infrastructures, interroge les uns sur la délinquance, les autres sur le travail ou la cohabitation des communautés. Il mène une enquête, aborde les points problématiques, soulève des dysfonctionnements mais fait appel au sens critique du lecteur et lui laisse le soin de tirer ses propres conclusions. Très intéressant, son document n'est clairement pas à charge et il dresse d'ailleurs un portrait sensible de la ville et surtout de ses habitants qui possèdent, à son sens, les clefs du succès ou non de cette entreprise.

Je n'y ai jamais mis les pieds mais si j'en crois les paroles des chansons du Ministère A.M.E.R., Sarcelles n'est pas le rêve annoncé. Et, cinquante-cinq ans plus tard, on constate à la lecture du livre de Marc Bernard que, sous le vernis des bonnes intentions, le ver était déjà dans le fruit.

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