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jeudi 19 septembre 2019

Jean Baret - Vie™

Jean Baret Vie™ Trademark Le Bélial'

Jean Baret 

Vie™ (Trademark - 2)

Ed. Le Bélial' 


Après l'énorme baffe du premier volume de la trilogie "Trademark", j'ai volontiers tendu la deuxième joue. Et si l'effet de surprise est partiellement éventé, tout le reste y est. C'est encore une fois beaucoup de plaisir mêlé d'un peu de dégoût.

L'action de Vie™ se déroule toujours dans un futur incertain. Enfoncé dans son fauteuil, unique meuble du placard qui lui sert d'appartement, l’œil rivé sur le décompte de son temps mensuel d'amitié, d'amour, de travail, de loisirs, X23T800S13E616 fait tourner des cubes. C'est un métier comme un autre. Son quotidien est une ritournelle, les jours se suivent et se répètent, alors que son unique réalité passe par le prisme de ses lentilles visuelles et appareils auditifs connectés, gérés par des algorithmes qui décident de ce qui est bon ou non pour lui et lui imposent, à grand renfort de formulaires auto-remplis spontanément générés, toutes sortes de séminaires insensés. Son seul salut, tous les soirs il se suicide. Jusqu'au lendemain. Et ainsi de suite.

Ce roman à chute, à lire comme une fable morale ou nihiliste, nous fait partager la prise de conscience de ce citoyen et son envie de changer les choses. De refaire le monde. De le révolutionner.

Bonheur™ dénonçait une société de la surconsommation, Vie™ enfonce le clou avec celle de la servitude volontaire, de la dépendance totale aux algorithmes et aux intelligences artificielles. Entres autres points communs, les deux romans brossent un portrait amer de nos déviances sociales et usent d'un ton résolument cru. La sexualité est omniprésente, violente et exacerbée. L'univers qu'ils développent est aussi cohérent qu'effrayant et compte autant de références à la culture populaire qu'à des préceptes philosophiques, sociaux ou spirituels. Mais malgré leurs similitudes formelles et thématiques, ils proposent chacun une histoire complète et indépendante. Aussi irrévérencieux et incorrect que pour son précédent livre, Jean Baret prend encore le parti de la bousculade pour inviter à réfléchir à nos travers et à la direction que nous prenons, bon gré mal gré. Le gars est brillant, lucide, il réfléchit juste et il a trouvé un mode d'expression qui frappe fort.

Reste à voir maintenant quel angle il adoptera pour aborder, dans Mort™, le troisième et dernier point de la trilogie, la religion.

10 commentaires:

  1. C'est que tu le vends bien ton livre.
    Question : Vu que les différents tomes de sa trilogie ne sont pas des "suites", penses tu que l'on peut lire ce n°2 avant ?
    Mais je pense que je lirais tout de même, un jour, cette trilogie en entier

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    1. On peut tout à fait les lire dans le désordre, ou ne lire que l'un des volumes. Même si, quel que soit l'ordre de lecture, je pense qu'il ne faut faire aucune impasse !

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  2. Belle critique. Je vais attendre la fin pour me décider à le lire - ou pas.

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    1. Merci.
      Inutile d'attendre la fin, chaque volume est complet et en propose une.

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  3. Et après les deux joues, tu tends quoi la prochaine fois ?
    Est-ce qu'on peut le considérer meilleur que le premier grâce à la présence de la chute ?

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    1. Meilleur que le premier ? Difficile à dire. Finalement assez différent. Ils sont très similaires sur de nombreux points mais finalement assez peu comparables. Je ne saurais dire lequel des deux j'ai préféré.

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  4. Déjà...
    Je le lirai mais pas de suite, j'ai d'autres livre en cours mais il sera mien.

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    1. Je n'ai aucun doute sur le fait que tu y viendras aussi…

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  5. Belle critique ! J’y serai aussi mais en audio pour ma part tellement j’avais aimé le format, j’aime aussi quand ça bouscule et que ça dérange.

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    1. J'avais vraiment aimé la version audio moi aussi, et j'ai hésité à patienter un peu pour écouter ce volume-ci également. Mais je n'ai pas pu attendre…

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