C'est l'histoire d'un corse qui entreprend de conquérir le monde. Ça vous rappelle quelque chose ?
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Peter Randa
Survie
Ed. Fleuve Noir
Deux condamnés à mort voient leur peine commuée : leur exécution contre un départ pour Vénus. Sur cette planète, depuis peu propriété française, est installée une mission scientifique. Les membres qui y sont installés ne peuvent quitter leur laboratoire sans une combinaison spatiale, l'atmosphère étant irrespirable. Pourquoi y envoyer deux criminels ? Pour pouvoir vérifier si le sérum qui doit permettre aux hommes de pouvoir y respirer librement fonctionne. Mais c'est sans retour possible. Une fois adaptés à l'atmosphère vénusienne, ils ne supporteront plus celle de leur planète d'origine. Ça ou la peine capitale…
Leur mission est simple : s'installer à portée de la base, explorer les environs, observer la faune, la flore, et faire le rapport régulier de leur état et de la vie en plein air. Mais à peine les deux hommes arrivés, la base est attaquée par des créatures humanoïdes. Plus opportuniste que son camarade, un médecin accusé d'avoir tué l'amant de sa femme et cette dernière, Ariézi le Corse, lui, condamné pour avoir tué un policier, voit là une bonne occasion de mettre en avant ses compétences et compte bien faire tourner la situation à son avantage.
Il décide de passer du côté des vénusiens et, après avoir découvert que derrière le trompe-l'œil de leur armement désuet se dissimule une civilisation très avancée et un subtil mélange de progrès techniques extraordinaires et de superstitions primaires, de prendre la place de leur chef...
"À l'origine des toutes les conquêtes on trouve le même ramassis de parias, de maudits et d'illuminés qui rêvent de créer un monde à leur image."
Ce premier volume de la trilogie, mené tambour battant, procure un indéniable plaisir de lecture. Le personnage principal est subtil, nuancé, et son comportement, à la fois cohérent et imprévisible, promet une série pleine de rebondissements !
Deux ans ont passé. Ariézi a renversé Handa, le chef des vénusiens, et a donc pris leur tête. Il a beaucoup changé et n'emploie plus que vaguement le langage coloré qu'il utilisait alors par forfanterie. Il est devenu un autre, une personne sans aucun rapport avec l'homme du premier volume.
"Vénusien, il l'était devenu au sens le plus étendu du mot. Plus rien dans sa mentalité ne rappelait l'ancien truand. Seul son langage était resté coloré. Une sorte de coquetterie de sa part à laquelle il ne pensait plus toujours."
Moins sanguinaire que Handa, il se conduit toutefois en parfait dictateur, même s'il fait le plus humainement possible des choses foncièrement inhumaines, et tolère la présence des terriens avec lesquels il entretient des rapports tendus. Jusqu'au jour où se posent des vaisseaux saturniens venus envahir Vénus.
L'auteur reprend le personnage d'Ariézi dans une suite digne du premier volume, rythmée, sans temps morts et captivante de bout en bout. Sa plume est sans fioriture et il faut lui reconnaître un certain talent de dialoguiste, notamment dans les réparties argotiques et imagées du Corse. Même s'il a beaucoup changé, celui-ci est toujours aussi intéressant et il est entouré de bons personnages secondaires. Tous évoluent dans un décor visuel et assez débridé.
À bord d'une soucoupe de la taille d'un pâté de maisons, Ariézi a quitté Vénus pour aller explorer l'immensité de l'espace. Il a emmené avec lui Kerill, la Saturnienne aux quatre bras, au visage altier et aux lignes pures. Handa, devenu son esclave, est également du voyage.
Arrivés sur une planète qui ressemble bizarrement à la Terre, ils découvrent une société composée de personnages étiolés, rabougris, et des nuées de frelons qu'ils vont combattre, armés d'un désintégrateur saturnien et d'un paralysateur vénusien, deux armes terribles auxquelles s'ajoute pour le Corse un Lüger.
Ce troisième et dernier volume, pour ainsi dire indépendant, pourrait presque ne pas être une suite des deux premiers. Les personnages sont les mêmes mais n'ont finalement que peu de points communs avec ceux des épisodes précédents. Il en est de même pour l'histoire. Mais elle est toujours aussi accrocheuse, efficace, et l'auteur, encore plus que dans "Survie" et "Baroud", s'y laisse aller en remarques misogynes et en portraits gratinés de faibles femmes :
"En furetant un peu partout dans la ville, elles ont découvert des magasins... Découvert, oui, à moins que leur instinct de femme ne les y ait conduites automatiquement..."
"Kerill détourne les yeux dans un réflexe bien féminin à la vue des rats et le Corse la conduit immédiatement à l'autre bout de la terrasse pour lui épargner la vue de ce spectacle un peu répugnant."
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En trois volumes, Peter Randa propose trois époques de la vie d'un homme : Ariézi le criminel, Ariézi le dictateur puis Ariézi l'aventurier. Trois volumes mais une seule histoire. Et quelle histoire !
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FNA n°152, 158 & 168
Ca fait très début du 20eme siécle cette histoire...
RépondreSupprimerMais cela ne me tente pas plus que cela.
Très début de siècle, c'est vrai. Notamment par son aspect résolument gouailleur.
SupprimerJoli tir groupé !
RépondreSupprimerPour ma part je n'ai jamais lu de Peter Randa. En revanche j'ai lu un livre de son fils (Philippe) et ce n'était vraiment pas bon. Le talent n'est pas héréditaire.
J'avais fait un plus gros tir groupé encore avec la pentalogie "Les conquérants de l'univers" !
SupprimerAttention, quand on parle de talent : le type sait écrire, c'est sûr, mais ce n'est pas Chateaubriand non plus.
Ça me rappelle une blague belge je crois. C'est ça ? =P
RépondreSupprimerJe crois que c'est la première fois que je vois un Corse en SF. Tout a vraiment déjà été écrit.
Les Corses dans la SF… L'objet d'un futur challenge ?
SupprimerIl ne me semble pas les avoir , donc à chercher et comme j'aime bien Randa ...Merci pour les critiques .
RépondreSupprimerAvec plaisir !
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