mardi 6 octobre 2020

Hervé Le Tellier - L'anomalie

Hervé Le Tellier  anomalie Gallimard
Hervé Le Tellier 

L'anomalie 

Ed. Gallimard 


Alors que j'en suis toujours à me demander si Orbitor a réellement sa place en Folio SF, voilà qu'un pur roman de genre paraît dans la collection Blanche de Gallimard, de quoi encore alimenter ce vieux débat : la place - et surtout la reconnaissance - de la SF dans la littérature.

Mais voilà, le caractère science-fictif du roman d'Hervé Le Tellier résidant dans la clé de l'intrigue, deux choix se sont offerts à moi. Soit aborder le sujet évoqué ci-dessus au risque de dévoiler le coup de théâtre et de gâcher le plaisir des futurs lecteurs, soit préserver la surprise et remettre à plus tard ce débat - il reviendra sur le tapis à un moment ou un autre. C'est ce que je vais faire. Celles et ceux qui liront le livre comprendront mon dilemme - Et si ce débat vous intéresse, je vous invite à lire l'excellent billet consacré à ce sujet par Le Chien Critique.

Il est impératif, concernant ce livre, de rester aussi évasif que possible.

L'anomalie nous présente successivement des personnages très différents les uns des autres. Un écrivain, une avocate, un chanteur, un architecte… Leur unique point commun ? Avoir embarqué quelques mois plus tôt à bord d'un vol Paris-New York, un vol durant lequel s'est produit un… évènement. Comme autant de pièces d'un puzzle machiavélique, les portraits de ces parfaits anonymes s'emboîtent et, sautant de l'un à l'autre, l'auteur tisse une intrigue jubilatoire et vous mène par le bout du nez jusqu'à une révélation spectaculaire. Il est impossible d'en dire plus.

Ce qu'il est possible de dire, en revanche, c'est que ce roman à la fois érudit et grand public fait preuve d'un humour décapant et dresse un portrait acerbe de la religion, de la politique, des milieux intellectuels et de ceux qui les incarnent. Il est particulièrement inventif, sa construction est brillante et sa narration d'une grande fluidité. Mais, et c'est probablement sa limite, il ressemble à s'y méprendre à la novélisation d'un épisode de la Quatrième Dimension. La perspective d'une adaptation ciné, pour laquelle il est d'ailleurs parfaitement calibré, a certainement pris le pas sur la dimension littéraire, à croire que l'auteur a pensé son livre comme un scénario idéal, obéissant à des contraintes hollywoodiennes et demandant le moins de retouches possibles. Du grand spectacle, quoi. Mais du bon ! Du très bon !

Sans doute bientôt dans les salles… 

14 commentaires:

  1. Je te fais aveuglement confiance vu ce que tu en dis, hop dans la liseuse.
    Et merci pour le excellent !

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  2. Le genre de livres difficiles à repérer. Merci pour l'info, je note, c'est intrigant.

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    1. Il fallait juste tomber dessus. J'ai eu la main heureuse !
      C'est une excellente surprise, totalement inattendue.

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  3. Cela commençait bien et c'est parti en vrille... Une première moitié qui se dévore et une fois arrivé à l'anomalie, cela devient illisible, un condensé de platitude.

    Ce roman n'était visiblement pas pour moi.

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    1. "Un condensé de platitude" ? Oh, nous n'avons visiblement pas lu le même livre… Dommage…

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  4. Ah interessant,je vais m’y atteler,surtout chez Gallimard,c est pas si fréquent la SF.
    Ton lien Chien critique,dans ta chronique ne renvoie pas à son billet sur ”l’Anomalie ”.

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    1. Oui, il ne fait pas l'unanimité mais je pense qu'il vaut le coup.
      Quant au lien, il renvoie vers le billet qui s'interroge sur les éditions estampillées ou non littérature de genre. Mais voici également un lien vers "L'anomalie" .

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  5. Je n’en ai appris guère plus sur le roman avec le lien vers L’anomalie vu qu’il reprend ta chronique.
    Je retiens quand même le bouquin à lire.

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    1. Sur ce coup, l'ami canin a péché par fénéantise. Mais comment lui en vouloir ?
      Tu peux le retenir, tu peux encore plus le lire !

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  6. Lu. Excellent.J’espère que l’auteur aura le Goncourt.Mais non on n’en veut pas au Chien critique,qui est très bon dans ses chroniques.C’est ce qu’il faut retenir.lol

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    1. Content qu'il t'ait plu. Quant au Goncourt, au pire il aura eu le plaisir d'être dans la dernière sélection.

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  7. Gagné et vraiment mérité.Faudrait un Goncourt des chroniqueurs un jour qui sont souvent dans l’ombre des auteurs.

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