Jeanne Guien
Le consumérisme à travers ses objets
Ed. Divergences
J'évite de m'exprimer au sujet de livres que je n'ai pas lu dans leur intégralité. Et quand il m'arrive de ne plus savoir pourquoi, un ouvrage vient heureusement me rappeler qu'il peut se jouer bien des choses dans les dernières pages. Prenez l'essai de Jeanne Guien. Jusqu'à ce qu'elle en arrive à sa courte conclusion, l'auteure, ancienne élève de l’École normale supérieure, agrégée de philosophie et doctorante à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, expose une passionnante histoire de nos comportements de consommateurs. S'appuyant sur quelques exemples emblématiques du consumérisme, du gobelet au mouchoir en passant par l'incontournable smartphone, elle entend démontrer en quoi la société créé autant de comportements que de produits et elle invite intelligemment le lecteur à se questionner sur son rapport à la consommation et sur les moyens de s'en libérer.
La conclusion elle-même s'ouvre sur un air assez malin d'auto-critique. Qu'est-ce que le livre ? Qu'est-ce qu'il n'est pas ? Sa fabrication, l'exploitation du bois, le recyclage de la pâte à papier, son transport, son stockage, son empreinte carbone… Mais le but n'étant ni de se lancer dans une analyse du cycle de la vie d'un livre ni de proposer un résumé de son histoire, l'auteure oriente alors sa conclusion vers une sortie attendue, plus classique, voire plus scolaire : elle s'interroge sur l'évolution des comportements.
Et c'est là que la démonstration dérape.
Convaincue que le comportement individuel n'impacte pas réellement celui du collectif, elle a l'air de penser, fataliste, qu'il sera compliqué de donner une nouvelle direction à la société. Pour illustrer son propos, elle se lance dans un exemple totalement WTF. Je lui laisse la parole :
"Un certain nombre de personnes s'abstiennent d'agresser sexuellement les personnes qui les attirent, et cherchent plutôt à obtenir leur consentement et leur désir pour avoir des relations sexuelles avec elles : est-ce parce que ces personnes pensent qu'elles vont, par là, faire disparaître la pratique du viol ? On peut raisonnablement penser que non."
WTF
Je me suis demandé si j'avais bien lu. Ou bien compris. Arrêter de consommer ne fera pas disparaître la société de consommation, tout comme arrêter de violer ne fera pas disparaître la pratique du viol ? Ai-je bien compris ? Oui. La preuve, elle tente de s'en justifier et enfonce le clou dans une longue note de bas de page, dont voici un extrait :
"Que les choses soient bien claires : je ne suis pas en train de comparer le fait d'acheter un produit et le fait de commettre un viol, ni de mettre en équivalence la gravité de ces actes."
Vraiment ? Je ne comprends pas. Du milliard d'exemples possibles, pourquoi avoir choisi cette comparaison malheureuse et inappropriée ? Et comment est-il possible que son éditeur ne lui ait pas fait comprendre l'énormité de ce dernier propos ? Je ne comprends pas. Je ne comprends pas la pertinence de cette comparaison, qui a l'effet d'une mauvaise blague qui tombe à plat. Sachant que quand une mauvaise blague tombe à plat, le mieux est encore de faire profile bas. Pas d'essayer de l'expliquer. En note de bas de page ou non.
Je ne comprends pas.
WFT
WTF
RépondreSupprimerEt puis "Un certain nombre de personnes" quoi. Genre peut-être tout juste une majorité.
Comme quoi, parfois il vaudrait mieux s'arrêter avant la fin.
Parfois oui.
SupprimerNo Comment : :-(
RépondreSupprimerNo answer.
SupprimerPour déraper,elle dérape vraiment.
RépondreSupprimerContent de te relire.
En effet, c'est assez incompréhensible.
SupprimerEt moi donc ! Content de publier de nouveau !
Lol. C'est tellement bizarre!
RépondreSupprimerD'ailleurs, c'est tellement bizarre que tu en as perdu ton "WTF/WFT". 😉
Ah oui… Je crois que je vais le laisser tel quel, en hommage à la spontanéité…
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